Table des matières
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Camp Caron au Cap Blanc | 3 milles | |||
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Cap Blanc à Grande Baie Martin |
11 milles |
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Grande Baie Martin à Falaise Nord |
2 milles |
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Falaise Nord à Anse Gagnon |
4 milles |
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Anse Gagnon à Pte aux Cacaouis |
1 1/2 milles |
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Pte aux Cacaouis au Havre Sauvage |
2 1/2 milles |
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TOTAL |
24 milles |
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Havre au Sauvage à Havre au Bric |
3 milles | |||
Havre au Bric à Rivières à l’Huile |
3 milles | |||
Rivière à l’Huile à Havre Girard |
2 milles | |||
Havre Girard à Wreck Point |
5 milles | |||
Wreck Point, à Hacket Cove |
3 milles | |||
Hacket Cove à Balise |
3 milles | |||
Balise à Falaise Ouest |
2 milles | |||
Falaise Ouest à Havre Indien |
3 milles | |||
TOTAL |
24 milles |
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Havre Indien à Raven’s nest (nid de corbeau) |
4 milles |
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Haven’s nest à Pte Charleton |
1 mille |
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Pte Charleton à Rivière McDonald |
1 mille |
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Rivière Mcdonald à Baie Capelan |
3 milles |
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Baie Capelan, à Rivière Patate |
3 milles |
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Rivière Patate à Anse à la Vache |
3 milles |
TOTAL | 15 milles |
Mardi le 12 mars 1901
Impossible de continuer notre voyage, tempête de neige du nord-est. Il vente très fort et on ne voit pas à 30 mètres en avant.
Le mauvais temps dure toute la journée |
Mercredi le 13 mars 1901
Départ de l’Anse à la Vache à 7 :30 hrs
La neige poudre, mais pas assez pour que nous perdions notre route et qu’il y ait du danger.
Nous avons beaucoup de difficultés, les passes difficiles sont nombreuses. Les hommes aident aux chiens pour tirer les traînes, je passe en avant pour choisir les meilleurs endroits.
Avec des raquettes j’enfonce de 0.30 mètre et il me faut passer et repasser plusieurs fois dans les mêmes pistes pour que les hommes réussissent à traîner leurs charges.
Les nombreux caps en bas desquels nous passons sont très dangereux, beaucoup d’entre eux surplombent et les pierres tombent continuellement.
Arrivée anse aux Acadiens à 4 :30 hrs pm. Nous avons fait aujourd’hui 11 milles. Je fais dresser la tente au bord du bois; hommes et chiens très fatigués |
Jeudi le 14 mars 1901
Il n’y a que 5 milles d’ici à Vaureal, je renvoie les chiens à la baie Ste-Claire.
Mes hommes prennent bagages et provisions sur leurs tobaggans (traînes sauvages). À 8 hrs nous partons chacun de notre côté.
Les mêmes difficultés de marche se présentent; les tobaggans ne vont pas mieux que les traînes des chiens. Nous arrivons à Vaureal à 1 :30 pm avec une traîne complètement brisée. Dans l’après-midi les hommes fabriquent un traîneau qui sera suffisant pour que nous puissions continuer. |
Vendredi le 15 mars 1901
Départ de l’embouchure de Vaureal à 8 hrs am. Pendant que deux des hommes remontent la rivière avec les provisions.
Je visite avec l’autre les rives et plaque la future route qui devra passer sur la rive gauche où le terrain est sec et se prête mieux à ce travail.
On ne rencontre aucune pente raide, sauf en partant où ce sera facile de la faire monter à flanc de coteau.
Les hommes que j’avais laissés pour transporter les provisions ne sont rendues à environ 2 milles plus bas que la chute et n’ont eu, dans leur après-midi, que juste le temps nécessaire pour monter tout le bagage sur le haut de la côte.
Quand je suis arrivé le soir, ils étaient en train de placer la tente et de couper le bois de feu nécessaire pour la nuit.
Le bois que j’ai vu dans le haut des côtes des rives de Vaureal est gros et très beau. Les pins qui, malheureusement, sont clairsemés, mesurent de 0.30 mètre à 1.00 mètre de diamètre à leur base.
Les épinettes sont très saines et bonnes pour bois de construction.
Nous avons eu beau toute la journée, le soleil chauffe dur et nous a fait beaucoup souffrir du mal d’yeux.
Le thermomètre ce soir est à -14 degré centigrades qui est la température moyenne que nous avons eue toutes les nuits depuis notre départ de la baie Ste-Claire. |
Samedi le 16 mars 1901
Pendant que les hommes plient bagages et s’apprêtent à partir, je me rends par la rivière à la suite pour en prendre quelques vues photographiques.
L’aspect du saut Vaureal en hiver est magnifique. Le pain de sucre à la base forme une masse considérable de glace; il est de la moitié de la hauteur de la chute; plus haut, il est couvert d’une couche mince de glace qui n’est pas assez épaisse pour nous empêcher de voir l’eau dont le volume est assez considérable.
L’altitude, d’après nivellement barométrique, de la rivière au pied de la chute, est de 30 mètres, au haut elle est de 95 mètres.
En revenant du pied de la chute, je montai sur le haut de la côte, à peu près un mille de la chute. D’en bas, cet endroit me paraissait très accessible.
Je n’y fus pas sitôt engagé que je changeai d’avis. Je dus pourtant monter, car redescendre aurait été se risquer d'être enseveli sous une avalanche de neige. Il m’a fallu monter et passer en dessous des racines descendant le long du cap. Ce cap surplombait et la côte, presque à pic, avait 55 mètres de haut.
Rendu sur la hauteur, je vis que mes hommes n’étaient pas encore passés et je fus contraint d’aller au-devant, présumant quelque accident. Je retournai et retrouvai dans le fond d’un ravin leurs pistes qui descendaient à la rivière (les côtes de ce ravin étaient aussi hautes que celles de la rivière).
Quand je les retrouvai, ils étaient en train de fouler et de battre la neige pour pouvoir monter.
Ne voyant aucune chance de succès dans leur tentative, je les fis rebrousser chemin pour remonter à l’endroit d’où j’étais descendu.
Toute cette manœuvre et cette perte de temps fit qu’à 3 heures du soir nous n’étions rendus qu’à la chute, n’ayant avancé que de 2 milles dans notre journée avec la moitié seulement des provisions et pas assez de temps pour retourner chercher le reste.
Je pose de l’endroit où nous sommes quelques photographies de la chute et fait dresser la tente.
Les hommes sont très fatigués encore ce soir mais ils ont bon courage. |
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Dimanche le 17 mars 1901
Après avoir donné instruction d’aller chercher les provisions restées en arrière et de remonter la rivière aussi haut que possible dans la journée, je pars en avant pour reconnaître le terrain.
Le bois sur les rives de la rivière n’est pas aussi gros que celui que j’ai vu hier, mais sain et de première qualité pour bois de pulpe.
La rivière est aussi large qu’en bas de la chute jusqu’à 2 milles plus haut que le premier lac qui se trouve à environ 7 milles du saut Vaureal.
Ce lac a 100 hectares de superficie et doit être poissonneux, la piste d’une loutre qui le traverse l’indique; cette loutre était passée depuis 2 jours au plus et avait fait plusieurs trous à travers la neige à la charge du lac.
À deux milles plus haut que le premier lac, j’ai découvert 2 autres lacs qui sont de même grandeur et séparée par une petite plaine; ils ont environ 150 hectares chacun de superficie.
Le bois autour de ces lacs est beau et ne se compose que d’épinettes.
Après avoir visité cette étendue de terrain, malgré l’attraction qui m’attirait en avant, il me fallut revenir par car la neige était mauvaise pour la raquette et j’étais fatigué.
Quand j’arrivai à la tente le soir il était temps car je pouvais à peine marcher, la faim et la soif m’avaient affaibli.
Ce soir, beau temps, vent nord faible. Nous sommes à 2 milles plus bas que le premier lac, c’est-à-dire à 5 milles plus haut que la chute. |
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Lundi le 18 mars 1901
Nous traversons le lac et passons les endroits que j'ai vus hier.
L'altitude du premier lac est de 130 mètres. Les 2e et 3e lacs sont au même niveau et à 143 mètres d'altitude.
Nous avons fait dans notre journée 7 milles, la neige était mauvaise et était sans consistance, nous enfoncions beaucoup (en raquettes). |
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Mardi le 19 mars 1901
Il a venté fort toute la nuit, ce matin il fait beau et le temps est parfaitement calme. Je pars avec mes hommes pour plaquer une ligne à travers bois très toffu, et débarrasser cette ligne qui aura une direction nord-sud.
Un de mes hommes est malade de dysenterie et ne peut pas se lever; j'ai ce qu'il faut pour le remettre sur pieds. J'espère que nous pourrons continuer demain.
Le terrain que nous avons vu aujourd’hui est composé de bandes boisées séparées avec des plaines de mousse qu’il faudra probablement assainir et couvrir d’un pontage, parce que la terre noire en-dessous de la mousse peut avoir une assez grande épaisseur.
Nous n’avons pas rencontré de lac, le terrain continue à monter, nous sommes maintenant à 205 mètres d’altitude. |
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Mercredi le 20 mars 1901
Temps clair, vent sud-est. Le terrain continue à monter, nous traversons des plaines et des parties boisées dont l’élévation augmente graduellement, comme par gradins.
Ces parties boisées sont dans le sens de la longueur de l’Île et pas très larges.
Le bois qu’il y a entre ces plaines est de l’épinette noire, pas très grosse, mais saine et bonne.
Partout le terrain où je passe est bon pour une route et ne nécessitera que très peu de pontages.
Nous avons aujourd’hui fait 8 milles de trajet, en montant tout le temps, et sommes ce soir à 260 mètres d’altitude. |
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Jeudi le 21 mars 1901
Temps sombre, vent sud-est.
Nous sommes sur les hauteurs de l’île, nous avons laissé les plaines et montons toujours.
Le bois est gros, grand et beau, à d’autres endroits moins, il y a aussi du bois sec et des petits sapins.
À 10 :30 hrs am, il commence à neiger, ceci dure jusqu’à 4 hrs pm et tourne en pluie.
À 4 :30 hrs je fais dresser la tente.
Comme le terrain commence à baisser du côté sud-ouest et que je crois rencontrer bientôt une des branches de la rivière Jupiter, je pars en avant descendant toujours.
Au bout de 45 minutes, j’arrivai sur le bord d’une grande côte et, maintenant, partout et de tous côtés je ne vois que les monticules au centre desquels se trouve un profond ravin que je descendis et trouvai une branche de rivière qui coulait vers l’ouest.
Il y avait là aussi une piste de loutre presque fraîche. La pluie continue. Je reviens à la tente. Nous avons fait aujourd’hui 6 milles et nous sommes à 350 mètres d’altitude. |
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Vendredi le 22 mars 1901
Ce matin pluie et fort vent de l’est. Il nous est impossible de continuer; des masses énormes de glace et de neige que retiennent les branches des arbres se dégèlent et tombent continuellement.
Voyager sous bois en temps pareil serait se risquer à se faire assommer ou écraser. À l’endroit où est notre tente il n’y a pas de gros arbres, nous avions prévu ce qui arrive et j’ai fait placer la tente en conséquence. La pluie dure toute la journée et il n’y a aucun moyen de sortir. |
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Samedi le 23 mars 1901
Départ 6:30 hrs am, beau temps, vent nord. Nous descendons à la branche de rivière que j’ai vue jeudi soir. Elle coule vers le sud-est.
À un mille plus bas elle tombe, ainsi qu’une autre de moindre importance, dans une branche plus considérable qui vient du nord-est. Cinq ou six gros ruisseaux qui débitent beaucoup tombent aussi dans la rivière et augmentent son volume
Nous avons eu beau toute la journée, mais les ponts que nous devons construire en abattant deux arbres que l’on fait tomber l’un à côté de l’autre pour nous permettre de traverser et retraverser la rivière que nous suivons nous ont retardé.
Ce n’est pas une mince affaire que de traverser nos traînes à bagages et provisions. Nous avons failli tomber à l’eau plusieurs fois et cela aurait été excessivement dangereux, vu la rapidité du courant et le volume d’eau considérable après la pluie que nous venions de subir.
Le terrain descend rapidement vers le sud et les essences de bois commencent à différer, il y a moins de bouleaux et plus de sapins et d’épinettes.
Un des hommes, le plus fiable et le plus expérimenté dans les voyages d’exploration, nous retarde un peu dans notre marche, mais bien malgré lui, car il ne voit presque plus à cause du mal de neige.
Nous avons réussi tout de même à faire environ 12 milles et nous sommes maintenant à 270 mètres plus bas que l’endroit où nous avons campé hier, soit environ 200 mètres plus haut que la hauteur de la mer. |
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Lundi le 25 mars 1901
Nous partons à 6:30 hrs du matin, nous avons la sensation de l’approche du rivage, l’air sent l’eau de mer. Après être descendus tout l’avant midi, le terrain se maintient plus plat.
Un autre signe que nous approchons du rivage, c’est que nous avons vu une piste de renard. Les renards ne vont jamais très avant dans l’intérieur de l’île en hiver.
Je croyais avoir dépassé le camp qui se trouve à 12 milles de l’embouchure de Jupiter et je ne fus pas surpris quand un de mes hommes, qui marchait en avant, m’annonça par un grand cri, qu’il voyait la mer.
Je m’attendais à y arriver dans une couple d’heures, mais pas si vite.
Là je reconnus que je n’étais pas dans Jupiter mais dans une des rivières à l’est de la pointe Sud-ouest. Mes hommes ne reconnurent qu’une fois rendus au rivage et en voyant le camp que la rivière d’où nous sortirons était Chicotte; par son embouchure, ils avaient toujours cru que c’était une toute petite rivière et n’avaient jamais remarqué le volume d’eau qu’elle débitait.
Cette rivière est à 30 milles de la pointe Sud-ouest et à 15 milles du lac Salé où je me rends immédiatement pour donner des nouvelles. Les hommes avec les traînes et le bagage ne peuvent me suivre et feront le trajet en deux étapes; ils se rendront demain.
J’arrive au lac Salé à 9 hrs du soir; je télégraphie immédiatement à M. Jacquemart pour lui rendre compte du résultat de mon expédition. |
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Mardi le 26 mars 1901
Ce matin je reçois une dépêche de M. le Gouverneur. Je réponds immédiatement, donnant tous les principaux détails intéressants de l’exploration et lui propose de retourner avec deux hommes par Jupiter pour rejoindre sur les hauteurs de l’île le tracé de la future route que j’ai failli mener à bon terme.
J’assurais le succès de l’entreprise dans un temps relativement très court.
Après avoir conféré avec M. Jacquemart, et prenant en considération l’était hâtif et en avance de la saison, ainsi que la débâcle probablement prochaine des rivières et, par suite, du danger de s’y aventurer, M. le Gouverneur, à mon grand regret, n’acquiesça pas à mon désir.
Mes hommes arrivent ici à une heure pm fatigués. Deux d’entre eux ont le mal de neige (mal d’yeux) et l’un souffre beaucoup et ne peut pas du tout rester les yeux ouverts.
Nous partirons demain matin avec l’embarcation du garde-chasse Napoléon Martin qui revient avec nous à la baie Ste-Claire. |
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Mercredi le 27 mars 1901
Départ du lac Salé à 6 hrs am, vent de l’est. Nous partons en embarcation, un doris d’une vingtaine de pieds de longueur.
Il faisait un fort vent mais le voyage s’est passé sans incident jusqu’à la pointe Sud-ouest où il y a un phare et un gardien avec sa famille (le capitaine Lemieux).
Rendus à cet endroit nous rencontrâmes le conducteur de chiens Grégoire Richard, qui, après s’être rendu à Jupiter, et voyant que nous n’arrivions pas de ce côté, se rendit jusqu’à la Pointe Sud- Ouest.
Richard, qui avait eu de la difficulté à passer sur le rivage avec ses chiens pour la bonne raison que la tempête avait poussé et refoulé la glace qui était toute bousculée, d’autant plus qu’il était impossible de passer au travers du bois.
Il s’agissait de traverser une baie profonde; il faisait une tempête et le vent partait de terre.
J’insistai pour que le conducteur de chiens se rendit de l’autre côté de la baie en passant sur le rivage, mais il me représenta la chose comme tellement impossible qu’après consultation avec mon meilleur homme, Alphonse Girard, je lui ai permis d’embarquer dans le doris avec ses chiens.
Il n’y avait pas cinq minutes que nous avions décollé du rivage que les vagues passaient par-dessus l’embarcation; il était alors impossible de rebrousser chemin.
Nous étions partis avec un ris dans la grande voile, je donne ordre de la baisser et de ne garder que le (jib), deux de mes hommes les plus robustes gouvernaient l’embarcation avec une grande rame de large, l’arrière était encoché à cet effet. La traîne des chiens était à l’arrière où je me trouvais et il y avait alors assez d’eau dans l’embarcation pour que j’emplisse ma chaudière destinée à vider à chaque coup.
Chaque fois que mes hommes gouvernaient vers terre, nous emplissions. Presque tous les hommes étaient épeurés, certains se lamentaient et pleuraient presque, pourtant il y en avait plusieurs qui avaient essuyé des tempêtes dans le golfe et sur les bancs de Terre-Neuve.
Le vent venait de terre et je savais que rendus en deça du cap McGilvery nous serions à l’abri du vent et qu’alors nous pourrions piquer directement vers terre.
Le danger était imminent; je maintenais l’embarcation en équilibre en plus de la vider, et cela était d’autant plus difficile que les chiens étaient excités et se battaient.
On proposa de les jeter à l’eau, ce qui aurait causé notre perte en faisant perdre l’équilibre et, de plus, les chiens se seraient accrochés à l’embarcation et nous auraient fait verser. Il a fallu toute l’emprise que j’avais sur mes hommes pour les empêcher d’agir dans ce sens ainsi que les convaincre de gouverner en ligne droite plutôt que vers le rivage, ce qui aurait été encore plus fatal.
L’eau passait par-dessus l’embarcation à chaque vague et si je n’avais pas eu le temps de la vider à toute vitesse du surplus de l’eau, nous étions foutus.
Rendus vis-à-vis le cap, nous étions alors abrités du vent comme je l’avais prévu et nous pûmes nous diriger directement vers le rivage.
J’étais mouillé jusqu’aux os et j’ai dû faire du feu dans un camp pour me faire sécher avant de continuer. Ensuite je me suis mis en route pour Rivière la Loutre à pieds, je suis arrivé avant la noirceur.
À part les péripéties que je viens de raconter, j’ai fait aujourd’hui la pire journée de marche, et même courir quand je pouvais enlever les raquettes, soit 22 milles dont la moitié sur les galets et l’autre moitié avec raquettes sur neige molle, pesante et imbibée d’eau, sans fatigue exagérée, complètement remis après une bonne nuit de sommeil sur le dur.
On peut avoir une idée de cette corvée par le fait suivant : j’avais chaussé une paire de souliers mous huilés, neufs, le matin et à 5 hrs du soir ils étaient percés tous les deux sur toute la semelle et le talon.
Mes hommes ont parcouru la distance en embarcation sur toute la distance; une fois abrités par les côtes il n’y avait plus de danger.
Nous avons voyagé aujourd’hui en embarcation et à pied. Nous Couchons ce soir au camp de la Rivière à la Loutre.
Celui des hommes qui avaient mal aux yeux hier est pire, il ne voit rien et les autres en ont soin et le conduisent par la main.
J’ai fait dans la journée 37 milles, dont 15 en embarcation et 22 à pied. |
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Jeudi le 28 mars 1901
Départ de la Rivière à la Loutre à 6 hrs am, vent du sud et pluie toute la journée. À 2 hrs pm, j’avais fait 43 milles, savoir : 20 milles en embarcation et 23 avec les chiens.
L’homme qui avait mal aux yeux est un peu mieux.
Tel est aussi fidèlement relaté que possible le rapport de l’exploration à travers l’île en mars 1901. |
Daignez agréer, monsieur, l’assurance de mon entier dévouement
(signé) J.O. Montreuil, asst. L. C.
Vu : Le Gouverneur
(signé) L.-O. Comettant
Vu : Le chef de service des travaux
(Signé) Jacquemart