LE JOURNAL LE «CANADIEN» Le 21 juin 1850
Anticosti – Nous apprenons d’une source digne de confiance, dit le Chronicle de cette ville, qu’il y a quelque probabilité que le gouvernement impérial va faire des ouvertures pour l’acquisition de cette île déserte afin d’en établir une colonie pénale, non seulement pour le Royaume-Uni, mais aussi pour les provinces.
Il en résulterait cet avantage pour l’Amérique septentrionale anglaise, que cette île, qu’on évite maintenant comme le plus grand danger du voyage deviendrait un lieu de sûreté.
Car, si l’on y faisait construire un brise-lame par les condamnés, et qu’on en fit un dépôt de charbon, le golfe serait sillonné par des bâtiments à vapeur anglais, et l’on pourrait compter avec assurance que le voyage d’Irlande à Québec se ferait en douze jours.
L‘avantage qui en résulterait pour l’Angleterre serait que réduire les frais de transportation des criminels ne dépasseraient pas 3 ou 4 louis au lieu de 15 à 20 louis, et comme cela épargnerait aux provinces tout établissement pénal, convertirait un lieu de danger en un lieu de sûreté pour tous navires entrant dans le fleuve ou en sortant, et ne dérangerait que les seuls ours de l’île, nous avouons que nous verrions dans un tel établissement un avantage solide pour ces provinces.
Faire un bon port à Anticosti serait de soi un bienfait inestimable; et située comme l’est cette île, il n’y a nul danger de contact ou de démoralisation; nous doutons même si les condamnés ne seraient pas en réalité aussi loin de nous que s’ils étaient à Botany Bay en Australie. |