CHRONIQUE

                      
    Le 12 janvier 1893

Le commerce français en Australie

(émissaire du gouvernement français)

La France, il y a quatre ans, ayant décidé de participer à l’exposition centenaire de Melbourne, j’acceptai la mission qui me fut offerte par le gouvernement de me rendre dans la capitale de l’état de Victoria en qualité de juré français chargé de défendre les intérêts de nos exposants dans la répartition des récompenses à donner par les jurys internationaux aux produits industriels et artistiques de toutes provenances.

 

La présence française en Australie

 

La pensée de cette exposition internationale aux antipodes de l’Europe ne manquait pas d’un juste et bel orgueil. Elle avait pour but principal de rappeler la première tentative de colonisation par les conricts (condamnés de droit commun) et d’attester les extraordinaires résultats obtenus en un seul siècle par le génie commercial de l’Angleterre et les ressources du sol de ce quasi nouveau continent.

 

En effet, c’est le 20 février 1787 que la flottille chargée des premiers condamnés exportés dans la nouvelle colonie pour cultiver la terre et y vivre de leur travail, aborda à Botany-Bay, bientôt délaissée pour Sydney dont le port est une des merveilles de la nature.

 

Aucun voyageur de commerce français sur place

 

En Australie, je constatai ce que j’avais observé deux ans plus tôt dans les pays scandinaves à l’occasion d’une autre mission que je tenais du ministre de l’instruction publique, à savoir l’absence d’initiative individuelle de la part de nos industriels et de nos négociants pour lutter contre la concurrence étrangère.

 

De voyageurs de commerce, nous n’en envoyons pour ainsi dire aucun en Australie, tandis qu’ils sont nombreux les commis-voyageurs anglais et qu’ils se nomment légion ceux qui viennent d’Allemagne.

 

Ils sont intelligents, ces missionnaires des fabriques teutonnes, ils sont insinuants et d’une opiniâtreté que rien ne rebute. Ajoutons que l’argent ne leur manque pas et qu’ils savent le bien employer pour le but à atteindre.

 

Dans le rapport qu’à mon retour de Melbourne j’eus l’honneur de présenter au ministre du commerce, je traçai le tableau comparatif des Français et des Allemands établis en Australie ou, pour parler plus exactement, dans l’Australasie, en même temps qu’un tableau comparatif aussi de la valeur des importations françaises et allemandes.

 

Pour abréger, je ne donnerai ici que le total général de la population allemande et française dans l’Australasie.

 

La population allemande augmente et la population française diminue

 

Elle était pour l’Allemagne, il y a quatre ans, de 28, 891 hommes et 46,696 femmes.

 

La population française y figurait pour 3,364 hommes et 1,016 femmes.

J’ai su par les statistiques que chaque jour la population allemande dans la grande colonie anglaise, tandis que la population française diminue.

 

L’importation allemande pour l’année 1887 représente un chiffre presque double de celui de la France. Je crois bien que l’importation allemande a gagné depuis quatre ans en Australie et que celle de la France a perdu.

 

J’en ai pour ainsi dire la preuve par une lettre que je viens de recevoir de Sydney, qui m’est écrite par un jeune et très intelligent français, M. M. Moreau, qui fit avec moi le voyage de Marseille à Melbourne et qui s’est définitivement fixé en Australie comme négociant.

 

Le commerce français versus le commerce anglais en Australie

 

J’extrais de la lettre de M. H. Moreau les passages que je crois être d’un intérêt général.

 

“Connaissant à fond les marchés australiens, je signalerai quelques-uns des obstacles que tout commerçant ou représentant de commerce trouve en Australie pour l’extension des affaires.

 

Et, chose bien singulière, presque tous ces obstacles naissent des institutions françaises créées dans les meilleurs intentions du monde pour servir notre commerce.”

 

Dans les grands centres australiens tels Melbourne et Sidney, le Comptoir national d’escompte de Paris a des succursales qui certainement rendent des services, mais qui pourraient en rendre beaucoup plus.

 

En effet, par suite de leur cours plus élevé que celui des banques anglaises, peu de maisons françaises, relativement traitent par leur entremise. Il est moins onéreux et plus commode de passer par les institutions anglaises qui cherchent en Australie comme un peu partout à monopoliser notre commerce.

 

D’autre part, la Compagnie des Messageries maritimes de France, subventionnée par l’État, n’est pas encore parvenue à transporter nos marchandises au taux des paquebots anglais, lesquels pourtant ne reçoivent aucune subvention de personne.

 

Il est moins coûteux d’expédier les marchandises françaises par Londres que directement par Marseille. En outre, il y a quatre départs par mois d’Angleterre pour l’Australie, il n’y en a qu’un de France.

 

Bref, ce sont les Anglais qui sont nos intermédiaires pour le transport de nos marchandises et nos transactions financières. On sent tout ce qu’une pareille situation a d’avantages de toutes sortes pour nos adroits et redoutables concurrents.

 

Les français non concurentielles par rapport aux anglais, aux allemands, aux belges et aux américains

 

Pour que notre commerce français pût prendre tout l’essor que mérite l’excellence de nos produits, si honnêtes et de goût si parfait, dans un pays riche et de si grand avenir tel que l’Australie, il y a des réformes à faire qui s’imposent et qui sont devenus urgentes. Le chiffre d’exportation non seulement des Anglais et des Allemands, mais des Belges et des Américains est colossal relativement au nôtre.

 

Pourquoi? Uniquement parce qu’ils comprennent le commerce mieux que nous. Ils ont des agents commerciaux sur les lieux et nous n’en avons pas. Parce qu’ils sont renseignés sur les besoins du pays et que nous ne le sommes pas.

 

Parce qu’en plus, ils ont cette pointe d’audace qui éperonne en quelque sorte le succès dans toutes les entreprises humaines. Virgile a dit vrai: audaces, fortunas jurat,  et nous sommes, en France, des négociants trop timides, trop prudents, trop craintifs.

 

Mon jeune correspondant a raison, et je vois que depuis quatre ans que j’ai quitté l’Australie les choses commerciales françaises n’ont pas changé d’aspect. Et c’est en vérité bien dommage. Mais quoi, nous n’avons pour ainsi dire personne là-bas pour faire apprécier et offrir nos marchandises.

 

Un jour que je m’entretenais de cette question avec un ministre à Melbourne, il me dit: “La commande est à celui qui la sollicite.” C’était parler d’or.

 

Oscar Comettant

 

RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis