CHRONIQUE

                      
    Le 6 février 1893

Échos Algériens

Si le soleil s’intéresse encore à la terre - ce dont il est permis de douter - il doit lui tarder d’avoir de ses nouvelles, car il y a longtemps qu’il ne l’a vue.

 

La mauvaise température

 

D’épais et froids nuages, qui perdent souvent l’équilibre et tombent brusquement sur le pauvre monde en hermine fondante ou en pilules glacées, couvrent au soleil, cette année, ses contrées de prédilection, celles qu’il ne cesse d’ordinaire de caresser de ses rayons vivifiants pendant qu’à Paris nous grelottons, le givre aux lèvres, les pieds dans la neige boueuse en invoquant le souvenir d’Alphand qui, du haut des cieux sa demeure dernière, ne doit pas être content de voir sa chère capitale, si coquette et proprette jadis, changée en auge où barbotent les Parisiens.

 

Du froid partout

 

Il fait peut être beau temps en Laponie; le beau temps n’a pour ainsi dire été qu’un souvenir cet hiver à Nice, à Cannes, à Monaco, et l’on peut se rendre un compte exact de l’état du ciel en Algérie, - refuge aimé des poitrines délicates, - par les nouvelles fraîches qui nous arrivent de notre chaude Afrique.

 

À Alger, le mauvais temps persiste.

 

À Aumale, la neige tombe abondamment depuis plusieurs jours. On glisse dans les rues sur deux centimètres de la poudre blanche.

 

À Constantine, la neige tombe sans interruption. Des équipes d’ouvriers sont occupées à déblayer les rues.

 

A Souk Ahras, par suite de l’abondance des neiges, la mortalité du bétail devient grande chez les indigènes du pays. Les autorités ont demandé l’accès des forêts pour conjurer de plus grands malheur.

 

Le train, venant de Blidah à Alger a éprouvé des retards par suite des neiges.

Les communications par chemin de fer entre Médéa et Berrouaghia sont interrompues par le même motif.

 

Voilà le tableau. Ne vous y arrêtez pas, vous pourriez y attraper un rhume.

 

Si on gèle un peu partout en ce moment en Algérie, - et ailleurs, - on s’échauffe à Alger en dansant paré et masqué. L’écho d’un Veglione très réussi donné dans les grands salons de la municipalité, nous parvient avec force détails sur les étrangers de distinction qui y assistaient, les hiverneurs de marque descendus en ville pour la circonstance, des hauteurs de Mustapha.

 

Le Panama qui est partout, qui envahit tout, devait nécessairement figurer dans ce carnaval algérien; il faisait un piteux, mais amusant contraste au milieu des jolis et séduisants dominos noirs et roses des pierrots, des juives tunisiennes, des Méphistos, d’Arlequins et de hussards à la taille de guêpe.

 

L’isthme infortuné était personnifié par un décavé de Panama, très réaliste sous sa chemise en lambeaux passés sur maillot couleur de chair. Un pareil symbole ne marche pas sans une complainte. Il en avait une, non pas une complainte “fin de siècle” mais “fin de chèque”. Nous en empruntons le refrain à notre confrère M. Henry du  Caire, de la Vigie algérienne:

 

Ah! la sal’idée que j’ai eue

D’acheter des valeurs à lots

On a f...ichu l’Panama dans l’eau

Ma pauv’galette all’est perdue!

All’ s’a fait chopper comme une grue.

 

On trouve, en général, qu’on ne s’amuse pas assez à Alger, qu’on est trop sobre des plaisirs qui font à Nice, les délices des riches oisifs.

 

Si l’on veut que ces hirondelles humaines, aux poches bien remplies, moins chassées par le froid, peut-être qu’attirées dans les stations de ses hivernales, par les fêtes qu’on y prodigue et surtout par le jeu, si l’on veut qu’elles partagent leurs faveurs entre le département des Alpes-Maritimes et notre reine africaine, il faut les amuser et s’il se peut, les ruiner au charme de la rouge et de la noire.

 

Un comité vient de se constituer pour l’organisation de fêtes à donner à Alger pendant la saison d’hiver. C’est lui qui, à ses risques et périls, a donné le Véglione dont nous venons de parler.

 

Les sauterelles voient toujours par bandes de plusieurs millions dans certaines parties de l’Algérie, mais, en ce moment, elles voient sans agrément à cause de la bise trop rafraîchie.

 

Un vol très important de ces acridiens s’est abattu ces jours derniers au Pont-de-l’Iseu (?). Ces sauterelles sur la terre gelée se sont vite engourdies et il eût été facile à l’administration d’envoyer sur elles une équipe pour les détruire. Pas plus que les sauterelles engourdies, l’administration en engourdie n’a bougé. Et c’est de quoi l’on se plaint là-bas. Cet été, on retrouvera cette masse d’insectes destructeurs de toute culture, vigoureuse et de bon appétit dans les champs de vigne où se feront en quelques heures la récolte de l’année.

 

Nous nous plaignons en France du peu d’entrain de nos concitoyens à procréer des êtres à leur image, et par suite de la dépopulation de notre pays, pendant que la population allemande, anglaise et italienne va chaque jour augmentant dans des proportions qu’on peut dire effrayantes.

 

Nous aurions bien vite rattrapé ces grands états dans la reproduction de leurs semblables si nous avions en France beaucoup de matrones de la fécondité d’une certaine bergère de Blandan qui semble ne se coucher que pour accoucher.

 

Elle vient de mettre au monde trois enfants, arrivés à terme et parfaitement conformés, qu’elle nourrit tous les trois, de son propre lait. Comme cette même bergère est, il y a dix mois, accouchée d’une paire de jumeaux, également venus à terme et bien constitués, cela fait à l’actif de cette féconde fille des champs, cinq enfants en dix mois et demi. Avec nos félicitations à la mère, nos vis compliments au berger de la bergère.

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Le deuxième mariage tombe à l'eau

 

Tambour de basque et la danse du ventre, le mariage avec l’espagnole fut consommé.

 

Mais celui qui s’était détaché du Père éternel et de Moïse pour la fringante castillane, se dégoûta de celle-ci en faveur d’une autre femme, une de ses parentes. Guiguer s’étant dit veuf, il fut agréé par celle qu’il convoitait. Il y a quelques jours, le couple se trouvait à la maison d’Oran pour le bon motif.

 

Le maire allait entendre le “oui” solennel prononcé par les deux candidats au suprême bonheur, quand une femme entra précipitamment dans la salle, les cheveux en désordre et en poussant un cri strident qui “effraya l’assemblée.

 

- Halte-là, dit-elle au maire: cet homme ne peut se marier, car il est mon époux. Je suis Inès, sa femme légitime.

 

Le mari, questionné, avoua que c’était ma foi vrai, que dona Inès de Las Cocas de los Pucheros y Carmoja était bien, en effet, sa légitime épouse. Il donna pour excuse que, n’ayant pas eu de ses nouvelles depuis un certain temps, il l’avait crue morte et par conséquent, libre de convoler.

 

- Ma demoiselle, dit Haim Guiguer à l’infortunée fiancée, veuillez recevoir l’expression de mes regrets.

 

- Insolent! fit l’Espagnole outragée. Allons, partons ensemble pour Carthagène, monsieur.

 

- Bah! il est rare qu’on ne se console pas d’un mariage manqué, et tout me fait espérer qu’il y aura de beaux soirs encore à Carthagène avec accompagnement de castagnettes, de guitare et de tambour de basque, pour le fugitif venu à résipiscence et sa charmante moitié, la senore, Ines de las Cosus de la Pucheros y Carmeja, que Dios guarde.

 

Oscar Comettant

RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis