Le Siècle, le 7 mars 1864

Oscar Comettant est correspondant de Guerre pour le journal parisien Le Siècle dans la dispute Holstein-Schlewing du Danemark se défendant contre la Prusse et l’Autriche.

 

Copenhagues, le 29 février 1864

Le navire de guerre qui doit me conduire dans l’île d’Als ayant retardé son départ de quarante-huit heures, je me suis vu forcé de rester ce temps-là à Copenhague.

 

Aucun fait important ne s’est produit devant Düppel depuis la dernière reconnaissance des Danois, reconnaissance effectuée il y a huit jours, et qui leur a coûté cent hommes morts ou blessés. Les dépêches qui nous arrivent ici deux fois par jour du théâtre de la guerre, nous annonçaient hier que de forts détachements de Prussiens se sont avancés jusqu’à porté de canons danois; ces canons pourtant, sont restés muets, et les soldats prussiens de leur côté n’ont pas brûlé une amorce.

 

Il semble qu’on craigne de part et d’autre d’entamer une lutte générale, qui pourtant paraît inévitable. En effet, outre la question politique qui a amené le commencement des hostilités, il y a, entre les Prussiens et les Danois une question d’honneur militaire engagée. Les Prussiens veulent prendre leur revanche de Missunde; les Danois, effacer par une résistance héroïque, sinon par une bataille gagnée, le mauvais effet produit dans tout le pays et devant l’Europe par la retraite de Danewerke, qui ressemblait fort à une déroute. Après la bataille, lorsque des flots de sang humain seront répandus, que mille familles seront dans le deuil, alors seulement on pourra conclure quelque arrangement.

 

Hier soir, après bien des hésitations et cédant à une véritablement pression morale, le roi a signé la destitution de l’ex-général en chef de Meza (?) et nommé son remplaçant, le général de division Gerlach, Cette nomination a été très bien accueillie parmi le peuple autant que dans l’armée.

 

Le général a soixante-quatre ans, et c’est lui qui commandait à Missunde. En 1849, il s’est distingué à la bataille de Fredericia et s’est montré un peu plus tard, à la bataille d’Isted, plein de sang-froid et d’intrépidité. C’est peut-être l’officier le plus populaire, le plus national et le plus libéral de toute l’armée danoise.

 

On croit généralement qu’un des premiers actes de son commandement en chef sera de prendre l’offensive contre les Prussiens.

 

Le général Gerlach est né dans le Schleswig, qui jusqu’ici a eu le privilège de fournir les plus illustres généraux danois. En effet, les généraux Bulow et Krogh, qui commandaient à Frédéricia et à Isted, étaient tous deux Schleswigiens.

 

Les journaux danois ne cessent de protester contre l’accusation que la confédération germanique a portée contre le Danemark, d’avoir, par la constitution du 18 novembre dernier, incorporé le Schleswig au royaume proprement dit. Ils se plaignent, et non sans raison, des subtilités de la diplomatie allemande dans le but évident d’embrouiller à plaisir une question déjà si peu claire par elle-même. Suivant les Danois, la constitution incriminée ne change en aucune façon l’ordre de choses établi; la magie seul d’élection serait changé, pour le figurant, lequel continuant à ne s’occuper que des affaires générales, laisserait, comme par le passé, au Schleswig, l’entière liberté de ses affaires, (illisible).

 

D’un autre côté, les journaux danois déplorent que la presse n’ait pas généralement saisi les nuances qui forment comme (illisible) l’objectif et le subjectif de la politique allemande d’où est née cette bouteille à l’encre appelée la question des duchés.

 

Il faut pardonner aux Français, dont le génie est la clarté, dont la vertu est la franchise de s’être laissés égarer dans ce labyrinthe de dépêches, de protocoles de traités et de constitutions où le plus habile peut se trouver perdu.

 

Toutefois, et sans entrer dans l’examen de toutes le pièces déterrées par les Allemands pour prouver que les Danois n’ont aucun droit sur le Schleswig; sans parler de celles exhibées par le Danemark pour établir avec infiniment plus de raison que le Sleswig est danois et n’a jamais appartenu aux Allemands que tout-à-fait accidentellement, il est du moins facile de se former une idée exacte du mécanisme gouvernemental danois et par suite de juger sainement des modifications que peuvent apporter dans l’avenir le nouveau système à deux chambres inauguré par la constitution du 18 novembre 1863.

 

Le gouvernement se compose de deux catégories de chambres. Les chambres appartenant à l’une de ces catégories dont l’une s’occupant que des affaires particulières du royaume. Cette réunion de chambres s’appelle (illisible). Les chambres appartenant à l’autre de ces catégories ne traitent que des affaires générales du royaume. Cette dernière réunion de chambre a pris le nom de (illisible).

 

Les affaires particulières dont s’occupe le Schleswig sont la justice, la dette, l’instruction et l’administration intérieure.

 

Les affaires générales qui ressortent du (illisible) sont les affaires étrangères, les finances, la guerre et la marine.

 

(deux à trois lignes illisibles). ...l’autre, dont le nom est... est le produit du suffrage universel à deux degrés, avec un sens d’illisibilité basé sur un impôt de 200 écus ou un revenu de 1,200 écus (l’écu danois vaut 2 fr. 80).

 

Le Schleswig a sa chambre particulière siégeant à Flensbourg. Le Holstein a la sienne siégeant à Ilson (?). Le Luxembourg a aussi la sienne siégeant à Ratzenbourg.

 

Jusqu’ici rien de plus clair. Mais avec le rigsraad (?), si souvent torturé par le caprice et l’intérêt germanique, nous entrons dans la nébuleuse allemande.

Par la constitution de 1855, le rigsraad, comprenant les affaires de toutes les dépendances de la couronne, était une chambre unique, fruit d’un suffrage restreint et d’une combinaison passablement compliquée.

 

Cette chambre fonctionna librement jusqu’en 1856, époque à laquelle la confédération germanique s’aperçut tout à cop que le rigsraad se trouvait par essence incompatible avec les lois fondamentales de la Confédération; qu’en conséquence il était de toute nécessité que le Holstein et le Lavenbourg, qui font partie des états allemands, fussent au plus vite soustraits à l’action du rigsraad.

 

En quoi le rigsraad (illisible) de la constitution de 1855, était-il par essence incompatible avec les lois fondamentales de la confédération germanique? Voilà ce qu’on n’a jamais pu savoir, malgré trois ou quatre mille pages écrites pour élucider la question.

 

D’abord, le Danemark résista aux exigences tardives de l’Allemagne qui avait mis trois ans à s’apercevoir d’un fait aussi grave; mais la confédération menaça d’une intervention armée et il fallut céder, à partir de ce moment, les deux duchés allemands, tout en faisant partie de la couronne de Danemark, échappèrent à l’action du rigsraad. Cette position anormale dure encore, car la constitution du 18 novembre dernier n’y a point remédié.

 

En quoi cette constitution a-t-elle donc pu exciter les susceptibilités de la Confédération, susceptibilités qui ont amené le conflit actuel que la Confédération déplore sans doute elle-même aujourd’hui dans son propre intérêt?

 

Voici: par cette constitution, le rigsraad, au lieu de n’être formé que par une chambre, se trouve composé de deux chambres, dont l’une doit être le produit du suffrage universel direct, l’autre du produit du suffrage universel aussi, mais avec un sens électoral basé sur un impôt de 200 écus ou un revenu de 1,200 écus.

 

C’est là toute la différence. Évidemment le Sleswig qui continue de faire, au moyen de la chambre qui lui est propre, ses affaires d’intérieur, ne se trouve pas incorporé au royaume de Danemark, par le fait seul de ce nouveau système de rigsraad à deux chambres. Il est incontestable toutefois, que la conséquence de ce changement de système sera d’attirer dans le rigsraad un plus grand nombre de députés scandinaves, au détriment des députés allemands.

 

Mais si dans une dépêche malheureuse de 1861 le représentant du Danemark s’est engagé à ne jamais incorporer le Sleswig au royaume, ni même à prendre jamais aucune mesure pouvant amener ce résultat, cette dépêche n’était point un traité, et elle ne doit être considérée que comme l’expression d’une volonté particulière inspirée par la situation du moment.

 

En tout cas, il n’y avait pas de quoi s’alarmer comme l’a fait la Confédération, et c’est vraiment un spectacle étrange et triste de voir l’Autriche et la Prusse réunies pour marcher ensemble contre un petit peuple inoffensif et éminemment pacifique, à la délivrance du Sleswig opprimé au nom du principe des nationalités.

 

Les dames de la société de Copenhague se sont faites marchandes pour un jour et ont ouvert boutique au profit des blessés danois. Les élégantes et gracieuses marchandes ont joint à leur commerce de détail quelques petites industries qui ont réussi à merveille. Il en est qui ont organisé des loteries, et la plus jolie femme de Copenhague, où il y a tant de jolies femmes, s’est fait.... bonne aventure.

 

Comme tout le monde ici, j’ai porté mon obole pour le soulagement de l’infortuné. Il m’en a coûté deux risdales, moins que rien, pour connaître mon avenir d’après la sorcière du lieu. Cette intéressante Pythonisse m’a prédit les choses du monde les plus galantes... et en français, ce qui en doublait le prix à mes yeux.

 

La charité ne s’intéresse pas seulement aux blessés, elle s’étend aux familles rendues nécessiteuses par la perte ou l’éloignement du chef de la communauté. Des sommes assez fortes déjà ont été recueillies dans ce but au moyen de souscriptions.

 

On parle d’une adresse à l’Europe signée par la population toute entière du Danemark. Hélas! pendant qu’on signera cette adresse et on la signe, les canons austro-prussiens feront leur œuvre à Duppel.

 

RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis