Les distances
L’île d’Anticosti est située dans le golfe Saint-Laurent contre 49.04 degrés et 49.53 degrés de latitude Nord, la même que Rouen, Le Havre et Cherbourg, et entre 62.14 et 65.50 degrés de longitude, à l’Ouest du méridien de Paris.
Elle a une longueur, du Nord-Ouest au Sud-Est, de 125 kilomètres, et une largeur moyenne d’environ 10,000 kilomètres carrés, soit 1,000,000 d’hectares.
Elle est donc plus grande qu’aucun département français; un sixième de plus que la Corse; près du double de l’île du Prince-Édouard et quarante fois plus que le groupe réuni des Iles Saint-Pierre et Miquelon.
La distance de la pointe occidentale de l’île au port de Mingan, sur la côte Nord du golfe, est de 20 milles marins; à Québec, 340 milles; de la pointe Sud-Ouest à la côte Sud, 40 milles; au port de Gaspé, 52 milles où doit aboutir un embranchement du chemin de fer de la baie des Chaleurs, qui est relié à Campbeltown, par la grande ligne de Halifax à Québec, au réseau central des chemins de fer du Canada et à celui de toute l’Amérique du Nord.
Le sol
La formation consiste en terrains de sédiments argilacés et calcaires mêlés de coquilles fossiles, dont les nombreuses couches ont une direction Est-Ouest, avec une inclinaison Sud, et sont superposées jusqu’à une grande profondeur sur une assise de roches calcaires dont les affleurements forment de grands bancs de récifs aux abords de la côte.
Ces terrains sont recouverts en beaucoup d’endroits par un lit de cailloux roulés et de sable, qui constitue le sous-sol et, en d’autres, par des dépôts de tourbe qui, en certains points, forment le sol même de surface.
Le sol arabe est un mélange de calcaire, d’argile, de grès, de tourbe et détritus de matières organiques, très favorable à la végétation.
La partie nord d’Anticosti est occupée, dans toute la longueur de l’île, par une chaise de montagnes, ou hautes collines boisées, d’une altitude de 75 à 130 mètres, dont la ligne de faîte suit la côte à une distance variable de 6 à 12 kilomètres, et dont le versant Nord forme de hautes falaises, coupées à pic sur le bord de la mer.
Elles sont séparées, à intervalles de 6 à 10 kilomètres, par des dépressions, où coulent les nombreux cours d’eau qui prennent naissance dans l’intérieur et qui forment, près de leur embouchure sur la côte Nord, autant de vallées de plus ou moins d’étendue.
Le versant Sud s’abaisse graduellement en pentes moins abruptes et se termine en collines peu élevées et en une succession de plateaux, d’une altitude de 20 à 40 mètres dans la partie Sud-Ouest du littoral, et de 5 à 10 mètres dans le Sud-Est, qui forment une vaste plaine, entrecoupée par les cours d’eau qui descendent de la montagne en aussi grand nombre que sur le versant Nord.
Les trois quarts de l’île sont occupés par les forêts qui couvrent la partie montagneuse et se prolongent, par en droits, jusqu’à la mer.
Les surfaces non boisées consistent, sur les plateaux, en terrains de diverses natures, recouverts d’une végétation variée, et, dans les vallées, en herbages ou prairies d’apparence fertile.
Il y a, dans la partie Sud-Est, nombre de tourbières, dont la plus grande n’a pas moins de 30,000 hectares.
Les cours deau
Peu de pays sont arrosés par un aussi grand nombre de cours d’eau; on en compte une cinquantaine, qui descendent sur les deux versants de la montagne, à intervalles de 8 à 20 kilomètres, dans la direction Nord ou Sud, dont plusieurs sont de véritables rivières, navigables pour les embarcations de pêche ou les canots, jusqu’à une distance de plusieurs kilomètres de leur embouchure, telles que les rivières de Salmon, Bear et Fox, sur le versant Nord, et celles de Beescie, Otter, Dauphin, Pavillon, Chaloupe et Jupiter, la plus grande de tout l’île, sur le versant Sud.
Partout l’eau y est limpide et excellente, et de fréquentes chutes ou cascades y sont susceptibles d’être utilisées comme force motrice.
Cette abondance, que les chutes de pluie et de neige, peu fréquentes dans l’île, ne justifieraient pas, est attribuée à l’existence d’un bassin central dans la chaîne de montagnes où les cours d’eau prennent leur source.
Les lacs d’eau douce et étangs sont nombreux; ceux situés dans la partie Sud-Est du littoral communiquent avec la mer et forment de grandes lagunes ou lacs salés, dont les plus importants sont : Le Grand et le Petit Lac salé, les lacs de Chaloupe et de Lacroix, sur la côte Sud, et le lac de Fox, sur la côte Nord.
Les ports
Il ne se trouve pas, sur la côte d’Anticosti, de port naturel, accessible aux navires à grand tirant d’eau, tels que les paquebots transatlantiques.
Mais il y a plusieurs ancrages en eau profonde, plus ou moins abrités, suivant la direction du vent.
Ceux de la pointe Sud-Ouest, l’un à l’Ouest, par de grands fonds tout près de terre, à l’abri des vents du Nord-Est au Sud, susceptible d’être protégé plus complètement par la construction d’un brise-lames pour les fondations duquel on utiliserait un grand banc de récifs qui émerge à marée basse; l’autre, à l’Est de la pointe, à l’abri des vents de l’Est à l’Ouest par le Nord; celui de Salt Lake Bay, à 12 milles à l’Est des premiers, et celui de Heath Bay, bien abrité du Nord-Est au Sud, par l’Ouest.
Enfin, il y a, sur la côte Nord, les deux mouillages de Bear Bay, en eau profonde, abrités, l’un des vents du Nord, l’autre des vents du sud par l’Ouest.
Il n’est par hors de propos de mentionner que les plus grands navires trouveraient, au cas de besoin, un refuge assuré contre tous les vents, au mouillage des piles Mingan, à moins de 30 milles de la côte Nord-Ouest de l’île.
Pour les navires de 200 à 300 tonneaux, il y a un bon port à Ellis Bay, sur la côte Sud, à 15 kilomètres de la pointe occidentale de l’île, dont l’entrée, large de trois kilomètres, est en partie fermée, de chaque côté, par deux bancs de récifs, qui laissent entre eux un passage de 1300 mètres, au-delà duquel se trouve un bon ancrage en eau tranquille, par 5 à 7 mètres de fond, qui se prolonge jusqu’à une distance de 8 kilomètres et demi dans l’intérieur de la baie, laquelle environ 15 kilomètres de circonférence, mais où l’eau manque de profondeur jusqu’à une distance de 1500 mètres de terre.
Il y a un autre port bien abrité dans Fox Bay, sur la côte Nord de l’extrémité orientale de l’île; mais, en raison du peu de profondeur d’eau sur la barre, il n’est guère accessible pour les navires de plus de 100 tonneaux.
C’est le rendez-vous pendant la saison, des goélettes qui se livrent à la grande pêche dans le golfe.
On trouve, d’ailleurs, sur la côte, à des intervalles très rapprochés, notamment à l’embouchure des rivières, un très grand nombre d’échancrures plus ou moins profondes, formant des baies, anses ou criques, bien abrités, par des fonds de vase ou de sable, où les bateaux de pêche et embarcations trouvent un refuge assuré en cas de besoin.
Le climat
Le climat d’Anticosti est extrêmement salubre; l’atmosphère y est pure, le temps généralement clair; les brouillards y sont peu fréquents, les pluies et les neiges peu abondantes.
Les observations du service météorologique indiquent, par année, les proportions de 154 jours de temps clair, 38 beaux, 73 couverts et 11 brumeux : 28 jours de pluie, 23 de neige, 6 de verglas et 27 de brouillards.
La température y est plus uniforme que dans les provinces continentales du Canada; moins froide en hiver et moins chaude en été qu’à Québec et Montréal.
Les relevés de l’Observatoire de la pointe Sud-Ouest ont constaté une température moyenne de 10 degrés au-dessous de zéro pour les trois mois d’hiver, et de 3.3, 10.5 et 5.1 degrés au-dessus de zéro pour les saisons de printemps, d’été et d’automne.