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Entrevue du 8 avril 1982 — sujet: Casemates, Menier

Lucien Laurin:
Dans votre conférence du mois de janvier à la Société Historique de Québec, vous aviez mentionné un fait, qui m’intéresse énormément. Dans les recherches généalogiques que je fais, et aussi celles qui regardent l’histoire du Québec, j’ai remarqué cette crainte de l’Angleterre de voir la France se lancer dans la reconquête du Canada, par le truchement, soit des États-Unis, soit par la politique guerrière de Napoléon, où on voyait beaucoup de sympathisants à Québec. Vous avez mentionné que le gouvernement canadien était chatouilleux de voir Anticosti appartenir à un Français.

Luc Jobin:
Oui, je me rappelle de l’avoir mentionné. Une des raisons pour laquelle, il y en a plusieurs, mais la principale, l’île d’Anticosti occupant une position stratégique dans le golfe St-Laurent, étant donné que c’était devenu une propriété française, entre les mains d’intérêt étranger et français et qu’Henri Menier avait des amis, comme le Kaiser allemand, Guillaume II qui était un grand ami d’Henri Menier avec lequel il allait pêcher le saumon dans les fjords de la Norvège; cette chose-là était connue que le Kaiser était un ami personnel d’Henri Menier, et il parcourait les fjords de la Norvège l’été, il partait sur la Bacchante, au début c’était le premier navire d’Henri Menier.

Le fait qu’il occupait cet immense territoire dans le Golfe St-Laurent, il occupait une position très stratégique sur le plan militaire, contrôlant toute la voie maritime. L’imagination des gens à Ottawa, surtout celle de certains militaires s’est mise à trotter.

Il y a un endroit dans l’île d’Anticosti qu’on appelle, près de la rivière Saumon, la Pointe à la Batterie; batterie parce qu’elle ressemble à une batterie. Ce sont des fossiles qui ressortent dans le cap. Ce sont des fossiles bien particuliers dont j’oublie le nom, et qui ressemblent à des gueules de canon, ce qui a fait donner le nom de Pointe à la Batterie, à cet endroit.

Ce cap avait été vu par un navire sur lequel il y avait des officiers. On s’imaginait qu’il s’agissait de canons. On a également émis l’hypothèse qu’à Baie-Ste-Claire on était en train de construire des casemates, à un point  tel qu’en 1901 ou en 1902, un gouverneur, le nom m’échappe, est venu.

C’est Lord Minto qui est venu à l’île Anticosti avec un officier. C’est ce dernier qui avait réellement semé ce doute, cette rumeur dans l’esprit des gens du ministère de la marine à Ottawa, qu’on était en train d’armer l’île d’Anticosti pour en créer une forteresse. Lord Minto est venu à l’île d’Anticosti avec cet officier, ce haut gradé de la marine canadienne et ils sont allés inspecter ces trois casemates qu’on voyait de la mer. Quand on a ouvert les portes de chacune d’elles et que l’officier est entré, il en sortit en disant qu’il s’agissait de caveaux à légumes.

Le gouverneur était frustré, humilié. M. Menier l’a reçu avec tous les égards qu’on doit à une personne de ce rang à sa résidence, et le soir c’est le gouverneur qui a reçu M. Menier à bord du bateau. L’humiliation a été tellement grande qu’on  a demander à Ottawa de cesser...
M. Menier le savait très bien, mais il a agit avec toute la courtoisie.

Lucien Laurin:
L’avait-il su officiellement?

Luc Jobin:
Par ricochet, cela lui avait été dit que la visite était dans un but d’inspecter. Alors il a organisé une tournée du village, des bâtiments de la baie Ste-Claire qui va les emmener aux caveaux aux légumes, ce dont le militaire était fort heureux d’examiner le contenu: choux, carottes, betteraves, etc.

Ces caveaux avaient un but très précis en cas de conflagration. On entreposait de la nourriture pour survivre tout un hiver, car il n’y avait aucune communication possible, aucun courrier, aucun navire ne venait. M. Menier s’accommodait de ces choses-là avec beaucoup de grâce.

Mon impression de ce personnage de M. Menier, c'était un homme tout-à-fait remarquable, pour qui j’ai beaucoup d’attachement. Je trouve que c’est un homme de qualité, de noblesse, même s’il n’avait pas l’ascendance, les titres.

Comme Martin-Zédé s’est donné comme nom. Son nom était Georges Martin. Zédé au bout de son nom est celui de son grand-père maternel, l’inventeur du sous-marin français. Alors il a voulu se donner du prestige, mais quand il est arrivé à l’île il se avait comme nom Georges Martin, et quelques années plus tard, c’était Georges-Martin-Zédé, pour se donner un air de haute noblesse. Mais Georges Martin n’était pas de sang de grande noblesse, comme la famille Menier,  C’étaient des gens très industrieux, qui avaient le sens des affaires.

C’est comme Henri Menier lorsqu’il a hérité de son père, Brutus Menier. Quand Henri-Émile-Brutus Menier a hérité de son père, en l’espace de cinq ans, je ne me souviens plus de quel montant... sa fortune a quintuplé.

Lucien Laurin:
La chocolaterie ne vient pas alors d’Henri Menier?

Luc Jobin:
Non, elle vient de son père. J’ai la généalogie chez-moi.

RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis