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De la viande de cerf sur le marché

 

La viande de cerf intéresse toujours le gouvernement du Canada : l’intention communiquée par Ottawa à Martin-Zédé, au milieu d’août, d’en acheter de très importantes quantités commence apparemment à se traduire dans les faits dès le 1er septembre.

 

« Cette semaine, nous avons commencé à prendre les cerfs pour le marché. » (Martin-Zédé, Journal d’Anticosti, 1er septembre 1917, BAnQ) Chaque animal donne une bonne quantité de viande, ce qui représente un apport appréciable pour combler une partie appréciable des besoins du marché en ces temps de restriction.

 

« Nos cerfs étaient de bien plus grande taille que ceux du continent et n’étant jamais pourchassés par les loups ni par les chiens qui n’existaient pas dans l’île, étaient très gras, donnant généralement de 50 à 60 % de viande utilisable sur les abats comme nos bœufs Durham, alors qu’au Canada ils ne donnent jamais plus de 20 à 25%.

 

Nos cerfs de trois ans et plus pesaient généralement environ 250 livres et donnaient donc 150 livres de viande utilisable. » (Martin-Zédé, L’Île ignorée, tome II, ch. XIX, 1912-1913, www.comettant.com )

 

Les trois jours suivants sont occupés par la chasse et une pêche à l’anguille toujours en compagnie d’Adélard Turgeon, lequel quitte l’île le 5 septembre.

 

C’est ce même jour qu’une femelle orignal captive est débarquée du Savoy pour être ajoutée à la faune locale.

 

La correspondance relative à l’île continue à affluer avec une lettre respective de George Farar Gibsone, de Jos Peters et du secrétaire Fournier.

 

   
   

Martin-Zédé quitte Anticosti le 12 septembre 1917

 

L’été tire à sa fin. L’automne s’annonce donc. Les années antérieures, le régisseur quittait généralement Anticosti à cette période de l’année; il reste fidèle à son habitude.

 

Il n’a du reste pas le choix de partir : son long congé de convalescence se terminera le 15 octobre. Il doit donc regagner la France avant l’échéance. Auparavant, il entend passer quelques jours à New York.

 

Georges préside une dernière réunion des employés le samedi 8 septembre. Le lendemain, William Eshbaugh lui manifeste son intention d’acheter le navire l’Alpha qu’on avait d’abord songé à vendre au gouvernement; Martin-Zédé lui en demande 9000$; il reste cependant muet sur la suite des choses.

 

Par la même occasion, il s’enquiert auprès d’Eshbaugh s’il y a possibilité d’écouler aux États-Unis la production anticostienne de homard en boîtes de conserve, ce qui révèle de probables difficultés à écouler la marchandise sur le seul marché canadien.

 

Finalement, le 10 septembre, après avoir « donné les dernières instructions » et terminé tout ce qu’il avait encore à faire, Marin-Zédé quitte Anticosti à bord du Savoy le 12 septembre, en direction de Québec; il y débarque deux jours plus tard et rencontre Gibsone ainsi que l’entrepreneur Peters.

 

Le séjour du régisseur à Anticosti en 1917 aura duré deux mois et demi, soit du 28 juin au 12 septembre.  

   
   

Martin-Zédé dans les Laurentides (du 15 au 21 septembre 1917)

 

« Je suis parti à 8h10 pour les Laurentides par le train du lac Saint-Jean pour rejoindre les Turgeon et étudier le fonctionnement du Club des Laurentides chasse et pêche, ce qui serait utile pour Anticosti », écrit Martin-Zédé dans son cahier le 15 septembre. Ses projets d’aménagements dans l’île pour de riches chasseurs et pêcheurs figurent toujours au nombre de ses priorités.

 

Il consacre donc six jours à « étudier », entre autres occupations, le fonctionnement du club laurentien. Il y recueille des informations utiles pour créer des aménagements plus ou moins similaires à Anticosti.

 

Martin-Zédé les voudrait pourvus d’assez d’attraits et de commodités pour attirer dans l’île un tourisme récréatif bien géré, à l’image de ce qu’il observe au Club des Laurentides.

 

Ensuite, c’est le retour à Québec le 21 septembre. Le temps d’une dernière rencontre avec Gibsone, quelques amis et le départ en train pour New York arrive le 23, un voyage effectué en compagnie de l’ami Jos Peters.  

   
   

Martin-Zédé à New York (du 24 septembre au 14 octobre 1917)

 

Le séjour de Martin-Zédé dans un hôtel (le Belmont, 57th Street) de la métropole américaine se résume à peu de choses : il rencontre des gens d’affaires, va à des spectacles, au cinéma, fréquente de chics restaurants et rencontre des connaissances.

 

Il n’est évidemment que peu question d’Anticosti dans son carnet, sinon que le 28 septembre Eshbaugh dit avoir trouvé un acheteur pour du homard d’Anticosti à raison de 23$ par caisse. Menier en est informé par télégramme.

 

Les rencontres avec l’ingénieur Eshbaugh (qui réside à New York quand il n’est pas à Anticosti) sont fréquentes : il sera question lors de l’une d’elle de la construction d’un réfrigérateur dans l’île.

 

Il visite, le 26 septembre, le directeur du zoo du Bronx, William T. Hornaday, qu’il connaît depuis une première rencontre avec lui en 1911. L’homme conseille d’introduire le caribou et le bœuf musqué dans l’île.

 

Ce même jour, Martin-Zédé écrit à son ami Turgeon, président du Conseil législatif de Québec, afin qu’il lui obtienne une permission « pour mettre à l’île » 100 couples de « perdrix de bouleau » (= la gélinotte huppée) à être capturés dans le secteur de Gaspé.

 

Fait curieux le 27 septembre : Martin-Zédé se rend à la réception d’une mission japonaise installée à la mairie de New York – geste dont l’utilité ne se perçoit guère.

 

Serait-ce avec l’intention de tâter le terrain pour trouver un nouveau marché pour les produits anticostiens de la mer mis en conserve ? Il n’en souffle mot.

 

Les jours passent. Georges ne trouve dans le port de New York aucun bateau en partance pour la France, écrit-il le 29 septembre dans son carnet. Il est dangereux de traverser l’Atlantique en ces temps de conflit.

 

(Les États-Unis sont officiellement en guerre depuis le mois d’avril.) Or, la fin de son congé de convalescence est fixée au 15 octobre.

 

Le temps presse. Il contacte prudemment le consul général de France à New York pour justifier une éventuelle absence sur le sol français à la date limite du congé; il s’évite de la sorte des problèmes avec l’armée de son pays.

   
   

Comme il lui faut tout de même occuper son temps d’attente, il se rend à Atlantic City le 2 octobre. Il y est séduit par l’organisation des lieux, notamment par la longue promenade en terrasse (la plus longue au monde), les hôtels « fantastiques », l’éclairage « féérique » et la station balnéaire.

 

Y puise-t-il quelques idées pour aménager (en plus modestes) Anticosti en site touristique? En tout cas, la ville du jeu de l’est des États-Unis lui a beaucoup plu. À son retour, il trouve deux lettres de Gaston Menier.

 

Le 10 octobre, Martin-Zédé déniche enfin un bateau bientôt en partance pour l’Europe; il paie une réservation de cabine à bord.

 

En attendant la date de son départ, il travaille encore, le 12 octobre, à inscrire des toponymes sur la carte marine d’Anticosti commencée le 30 juillet, laquelle est destinée au ministère de la Marine en prévision vraisemblablement de la défense de l’île en ce temps de guerre.

 

Le départ en bateau de New York vers la France se fait finalement le 14 octobre. Georges outrepassera donc involontairement son congé de convalescence puisque celui-ci se termine le lendemain 15 octobre et qu’il faut compter plus d’une semaine pour effectuer le voyage transatlantique.

 

Aussi doit-il expliquer et justifier la situation auprès du consulat général de France. Le séjour à New York aura duré trois semaines.

   
   

Le retour en France

 

Après onze jours de traversée, le navire qui transporte Georges vers son pays arrive au port de Bordeaux le 24 octobre. Le lendemain, le régisseur est à Paris; il y rencontre immédiatement Gaston Menier, évidemment pour lui rendre compte de sa mission estivale à Anticosti.

 

Depuis le début de l’année 1917, Georges Martin-Zédé n’aura pas vu un seul champ de bataille conséquemment à ses congés successifs.

 

Et le 27 octobre lui parvient une bonne nouvelle : un autre long congé de convalescence lui est accordé encore pour une période de six mois.

   
   

 À Paris

 

En France, à partir de novembre et en décembre 1917, il note peu d’évènements dans son carnet qui puissent concerner Anticosti de près ou de loin, sinon que Thyra Seillière, veuve d’Henri Menier, se remarie le 7 novembre avec un exilé politique Biélorusse du nom de Pierre d’Elisseief.

 

Le 12, à Paris, Martin-Zédé confère avec Gaston Menier.

 

Quelques jours plus tard, la maladie le frappe de nouveau péniblement mais brièvement (soit du 15 au 20 novembre).

 

Le 11 décembre, il écrit à l’ingénieur Eshbaugh, lequel résidait à New York avec sa famille pendant l’hiver, comme d’habitude.

   
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RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis