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Martin-Zédé de New York à Québec

 

Georges Martin-Zédé, riche d’une longue et fructueuse expérience à Anticosti, conserve la confiance de Gaston Menier à titre de directeur ou de régisseur de l’île.

 

Après la saison hivernale passée en France comme à son habitude, l’administrateur entreprend sa « campagne » anticostienne pour l’année 1914.

 

Une première sous l’autorité de Gaston Menier. Le nouveau propriétaire avait en effet confirmé Georges dans sa fonction de régisseur, un travail longuement exercé avec compétence et efficacité sous Henri.

 

L’homme s’embarque au Havre le 10 mai et arrive à New York le 16; il y passe trois jours avant de prendre le train en direction de Montréal puis de Québec où il parvient le 20 mai. Dans chacune de ces villes il consacre le temps nécessaire aux affaires les plus pressantes.

 

  • Rassurer les milieux financiers concernés par le décès d’Henri.
  • Informer les institutions financières de la poursuite des relations d’affaires avec elles.
  • Rassurer les banques quant à la suite des évènements à Anticosti et aux dépôts d’argent de Menier.
  • Confirmer le maintien des relations commerciales de l’île avec des papetières états-uniennes.
  • Présenter aux intéressés le bilan de la situation actuelle des finances à Anticosti.
  • Rassurer les commerçants de Québec sur la continuité des achats chez eux.
  • Régler quelques affaires pendantes.

 

À Québec, lors d’une visite de courtoisie de Martin-Zédé au Premier ministre (Lomer Gouin), celui-ci s’enquiert auprès du régisseur du paiement au gouvernent québécois des droits de succession qui tardent à être acquittés; il demande un acompte de 80 000$ !

 

Figurent aussi à l’agenda de Martin-Zédé quelques occupations de moindre importance auxquelles il consacre une dizaine de jours dans la capitale provinciale; ensuite, il quitte le 31 mai pour Anticosti, à bord du Savoy.

   
   

À Anticosti

 

Le 1er juin, le Savoy, en route vers Anticosti, passe à proximité de l’endroit où venait de sombrer l’Empress of Ireland le 29 mai, naufrage catastrophique qui a causé la mort de 1012 personnes. Martin-Zédé écrit dans son cahier, à propos de cette toute récente tragédie :

 

« On voyait juste le bout d’un de ses mats hors de l’eau. »

(Martin-Zédé, Cahier 13B, le 1er juin 1914, www.comettant.com)

 

Une phrase laconique qui ne contient aucune allusion aux nombreuses victimes, aucune emphase et pas davantage d’empathie. Il faut dire que les journaux en avait déjà fait grand état.

 

Puis, le premier jour de juin, le régisseur, parvenu dans l’île où il n’a pas mis les pieds depuis la mort d’Henri voilà neuf mois, convoque, presque sans tarder, une réunion de ses principaux collaborateurs au bureau de la villa. Y participent Alfred Malouin (le gouverneur d’Anticosti), William Eshbaugh (le directeur du service forestier), le secrétaire Fournier et des « évaluateurs ».

 

Tous espèrent être mis au fait des intentions du nouveau propriétaire quant au devenir d’Anticosti; ils sont avides d’informations à propos des politiques administratives du nouveau propriétaire.

 

Dès son arrivée à Anticosti le 1er juin, Martin-Zédé va constater l’état de quelques édifices publics de Baie-Ellis (Port-Menier); il consigne dans son carnet un aperçu de ce qui s’y trouve en 1914, après quelque quinze ans de travaux dans ce nouveau village : en plus des quelques habitations familiales (dont celles du cap Blanc), se trouvent un poste de police, la douane, l’hôtel, la menuiserie, la forge, la boulangerie, l’abattoir, l’entrepôt, le magasin général et le marché sis au cœur du village.

 

Les jours suivants, le régisseur visite la charcuterie, la réfrigération, la buanderie, l’atelier mécanique du service forestier (pour la réparation des wagons ou des locomotives), la ferme Saint-Georges et le fenil. Ce tour d’horizon effectué, tout lui semble dans un état satisfaisant.

   
   

La réunion du 1erjuin 1914 : annonce de restrictions budgétaires

 

Une première réunion est convoquée dès le premier jour de l’arrivée dans l’île du directeur. Il en ressort principalement que les frais généraux relatifs à l’administration de l’île devront diminuer considérablement, selon la volonté du nouveau propriétaire du domaine.


Cela signifie sans doute la fin des projets aux coûts élevés et non rentables à brève échéance.

 

Afin d’illustrer avec clarté son propos, le régisseur cible le village de Baie-Sainte-Claire dont la population diminue sans cesse d’une année à l’autre. La petite agglomération, reconstruite, embellie et entretenue à grands frais pendant les premières années du « règne » d’Henri Menier, se vide petit à petit de ses habitants depuis 1899 au profit du nouveau centre administratif, Baie-Ellis (Port-Menier); il s’ensuit que les bâtiments « ne valent plus la peine d’être réparés » car le jour viendra où il ne restera plus personne sur les lieux.

 

Finies les sommes versées aux fins d’entretien de ce village – où il ne se fait, du reste, plus de constructions nouvelles depuis 1899, sur l’ordre même d’Henri Menier transmis à l’époque.

 

Les perspectives budgétaires ne sont guère plus réjouissantes pour l’ensemble des services : des restrictions drastiques les touchent pratiquement tous.

 

Les chiffres des inventaires montrent qu’une réduction radicale de 50% à 70% des dépenses est souhaitable et faisable, aux dires du régisseur. 

 

Les administrateurs, probablement surpris autant que désemparés face à l’ampleur des compressions demandées, sont informés qu’ils recevront bientôt les spécifications nécessaires pour procéder aux coupures selon les chiffres procentuels demandés à cette fin.

 

Par ailleurs, Gaston Menier souhaite que le développement de l’île se poursuive malgré les changements d’ordre économique mis en perspective par son homme de confiance.

 

En conséquence, l’œuvre colonisatrice entreprise par Henri sera continuée mais il faut désormais opérer à bien moindre frais et concentrer principalement les efforts sur la coupe et la vente du bois.

 

Le chef du service forestier depuis 1910 et concepteur du développement de l’industrie du bois à Anticosti, l’ingénieur William Eshbaugh, perçoit bien le contenu plus menaçant que rassurant des propos du directeur.

 

Inquiet de l’ampleur des coupures à venir et probablement de l’avenir économique de l’île, il informe le régisseur que des industriels seraient disposés à acquérir Anticosti pour la somme rondelette de six millions de dollars. Martin-Zédé affirme n’avoir à ce jour pris connaissance d’aucune information à ce sujet et qu’il serait étonné de l’existence d’une telle offre.

 

Le régisseur note le 6 juin, dans son cahier personnel, avoir transmis avec rectitude le message de son patron aux Anticostiens, aux administrateurs locaux ainsi qu’aux travailleurs saisonniers, à savoir que Gaston Menier « comptait sur le travail et la bonne volonté de tous pour mener à bien la colonisation entreprise à Anticosti ».

 

Il ajoute que « de ce travail et de cette bonne volonté pourrait dépendre la décision qu’il prendrait concernant l’avenir de l’île. »

   
   

Un droit de succession exigé par Québec

 

Martin-Zédé précise encore que Gaston Menier est plutôt mécontent du droit de succession exigé par le gouvernement provincial. Il ignore si le propriétaire consentira à payer la somme, d’autant plus que jamais une aide financière à la colonisation – ou de quelque autre nature – n’a été versée par l’état québécois : tous les frais considérables requis pour le développement de l’île furent naguère assumés dans l’intégralité par Henri Menier.

 

Le directeur précise que Gaston Menier est en réflexion à propos du dit droit de succession. Le propriétaire discutera lui-même du problème avec l’autorité concernée à l’occasion d’une première visite qu’il effectuera à Québec et à Anticosti en juillet : mais « si on le forçait à payer trop, il abandonnerait son idée de continuer; il mettrait l’île en sommeil. »

 

Ces mots constituent un avertissement ferme, une obligation à se soumettre de bonne grâce aux directives nouvelles et à la politique du développement ralenti que désire instaurer Gaston Menier dans son domaine privé.  

   
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RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis