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La nouvelle du décès de Menier communiquée à Anticosti

Alors que Georges Martin-Zédé s’emploie, pendant l’été à gérer, selon son ordinaire, Anticosti avec une constante efficacité et une énergie sans faille, en France la santé du propriétaire de l’île se détériore avec rapidité.

 

Henri dicte d’ailleurs son testament le 24 août. Le 2 septembre, c’est un régisseur soucieux qui note dans son cahier : « Reçois dans la soirée câble de Paris me disant que la santé de M. Menier est plus mauvaise.

 

Suis très inquiet. » Il ajoute encore : « Je fais activer les états et le travail du budget et des comptes meubles et immeubles ». Cela suppose un pessimisme certain quant à l’issu de la maladie du patron.

 

Henri recevait les soins propres à son état dans son château de Vauréal où sa jeune femme, Thyra Seillière, avait jugé séant de le faire transporter, question de lui procurer de la tranquillité, un peu de verdure et une ambiance propice au repos. Il y lutta pour sa vie.

 

Évidemment, un médecin et l’épouse se trouvaient à ses côtés lui prodiguant l’attention et les soins requis dans les circonstances. Néanmoins, le samedi 6 septembre, Martin-Zédé rédige dans son journal la prose laconique suivante : « J’ai hélas reçu ce matin la fatale nouvelle de la mort de M. Henri Menier ».

 

Anticosti venait de perdre son propriétaire philanthrope âgé de 60 ans.

 

La bienveillance dont Henri Menier avait toujours fait montre pour Anticosti et ses habitants au fil des ans, de même que le capital considérable qu’il a investi dans son domaine lui ont mérité l’affection générale et un grand respect.

 

On conçoit aisément avec quelle stupeur la nouvelle du décès du « bienfaiteur » fut accueillie, tant par les habitants que par les employés de l’administration.

 

L’inquiétude s’installe chez ces gens quant à la suite des choses, bien que Georges s’empressât d’assurer les citoyens résidants que « l’avenir ne pourrait être changé pour eux ».

 

Le régisseur est certainement ébranlé par la triste nouvelle du décès de son patron : il vient de perdre un ami de longue date. Le dimanche 7 septembre, au lendemain du décès, Martin-Zédé se cantonne dans son bureau de la villa Menier à Anticosti.

 

Là affluent au fil des heures et des jours de nombreux télégrammes de sympathies expédiés par des personnalités aussi diverses que prestigieuses au nombre desquelles figure Sir Wilfrid Laurier, le Premier ministre du Canada.

   
   

Un office des morts à Baie-Ellis et à Baie-Sainte-Claire

 

C’est dans la stupeur encore générale que l’eudiste Levantoux célèbre l’office des morts le lundi 8 septembre, dans la modeste chapelle de Baie-Sainte-Claire remplie à pleine capacité.

 

Il prononce pour l’occasion un éloge funèbre de l’industriel décédé. Ce fut, semble-t-il, « un très beau prêche, très élogieux à la mémoire de M. Menier », affirme Martin-Zédé.

 

Le régisseur sténographie d’ailleurs toute l’oraison afin que Gaston Menier, le frère du défunt, puisse prendre connaissance de son contenu en France.

 

Le geste est habile : Gaston est l’héritier présomptif d’Anticosti (car Henri n’avait pas d’enfant); le fait de lui démontrer d’ores et déjà l’attachement et la reconnaissance des Anticostiens envers son frère défunt pouvait inciter Gaston à conserver la propriété du domaine puis à maintenir, à consolider et à poursuivre ce qui y avait été entrepris jusqu’à ce jour sous la gouverne d’Henri.

 

Une seconde messe a lieu dans l’île le mardi 9 septembre, cette fois à Baie-Ellis (ou Port-Jolliet) village fondé par la volonté d’Henri Menier en 1898 (l’établissement portera d’ailleurs officiellement le nom de Port-Menier en 1923). Puis, la vie reprend son cours normal le mercredi 10 septembre après trois ou quatre jours d’un quotidien perturbé.

   
   

La cérémonie religieuse et l’inhumation d’Henri Menier à Paris

 

En France, la dépouille d’Henri fut transportée du château de Vauréal vers Paris, dans l’hôtel particulier que le défunt avait acquis pour son épouse, Thyra Seillière, au 44 de la rue Copernic. Le jeudi 11 septembre ont lieu les obsèques.

 

Un chroniqueur du temps décrit le déroulement de l’évènement dans l’édition du Journal des débats politiques et littéraires de ce jour.

 

« Aujourd’hui, à midi et demi, ont eu lieu, en l’église Saint-Honoré-d’Eylau, les obsèques de M. Henri Menier, maire de Noisiel, commandeur de la Légion d’honneur.

 

La levée du corps a eu lieu 44, rue Copernic. Le char mortuaire était précédé par un autre char complètement recouvert par des couronnes offertes notamment par l’Aéro Club de France, la ville de Villiers-Cotterêts et la commune de Noisiel.

 

Les équipages étaient suivis […] par le personnel des établissements et des domaines appartenant au défunt.

 

Le deuil [= le cortège funèbre] était conduit par M. Gaston Menier, sénateur de Seine-et-Marne, Serge Sellière, beau-frère du défunt, Jacques et Georges Menier, ses neveux. » (Journal des débats politiques et littéraires, Paris, 11 septembre 1913)

 

L’église parisienne où se tiennent les funérailles est située au 66, avenue Raymond-Poincarré (alors la rue de Malakoff). La messe se déroule en présence d’un grand nombre d’importantes personnalités de la capitale, la plupart hommes de pouvoir ou de la finance. Plusieurs délégations sont également présentes.

 

La cérémonie terminée, le cortège funèbre prend la direction du cimetière du Père-Lachaise : l’inhumation y a lieu dans le caveau familial, division 67, où reposent les parents d’Henri.

   
                1878
Pilote maritime
             
                1878 Mécanicien ingénieur
             
                1881 Dirigeant de la chocolaterie familiale              
                1881 Maire de Noisiel (jusqu'à sa mort)              
                1881  Chevalier de la Légion d'honneur              
                1891 Vice-président du Yachting Club de France              
                1891 Vice-président de l'Automobile Club de france              
                1891 Créateur de la fondation industrielle et chimique Menier              
                1899 Officier de la légion d'honneur              
                1900 Commandeur de la Légion d'honneur              
                D'après l'ouvrage Henri Menier, 1853-1913 de Gérard Messance, Connaissance de Val-Maubuée, France, 2013              
   

La cérémonie religieuse en l’honneur d’Henri Menier à Québec

 

Menier bénéficiait d’un grand prestige à Québec, ville où il avait établi son agence commerciale en Basse-Ville, rue Saint-Pierre (dans l’ancienne maison Estèbe depuis 1904), et édifié une résidence, à l’angle Brown et Chemin Sainte-Foy (dans laquelle il ne demeura apparemment que peu ou pas et qu’il vendit en 1911).

 

Sa forte personnalité et l’aimable entregent dont il sut faire montre dans ses rapports sociaux et d’affaires avaient été appréciés malgré la rareté de ses séjours dans la capitale québécoise.

 

Ses réalisations remarquables à Anticosti, l’étendue considérable de sa fortune et un impressionnant titulaire n’étaient évidemment pas étrangers à l’éclat de sa réputation, tant à Québec qu’à Paris ou ailleurs dans le monde.

 

Aussi crut-on indiqué de rendre hommage à sa mémoire à Québec.

 

Six jours après les funérailles parisiennes, une messe de requiem est dite à la mémoire d’Henri Menier à la basilique de Québec « avec une grande solennité » précise Gorges Martin-Zédé, lequel y était présent, venu expressément d’Anticosti à bord du Savoy pour l’occasion.

 

Fidèle à son habitude de noter les faits saillants du quotidien dans un cahier agenda, il rédige quelques observations laconiques à propos de la cérémonie funèbre québécoise tenue en l’honneur son patron et ami.

 

 

« Y assistaient le lieutenant-gouverneur, le président du Conseil [législatif], Sir Lomer Gouin, l’honorable A. Turgeon, Sir Louis Jetté, Sir Georges Garneau, l’honorable Taschereau, de nombreux sénateurs et députés et plus de 600 personnes de la haute société de Québec. Il y a eu de nombreux articles élogieux dans les journaux aussi bien français qu’anglais. »

 

(Martin-Zédé,Cahiers, carnets, agendas 12B, 17 septembre 1913, www.comettant.com )

   
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(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis