Famille Lejeune | |||||||||||||||||||||||||||
M. Philippe Lejeune, âgé de 67 ans, est né à l'île d'Anticosti en 1909. Son père était Bernard Lejeune fils, également né à l'île, dont la mère était Eliza (Lizé) Lejeune.
Cette dernière était arrivée à l'île avec son époux, Bernard Lejeune père, vers 1875.
M. Bernard Lejeune père est décédé à l'île à l'âge de 25 ans et est enterré à la Pointe Ouest; il avait trois enfants : Bernard, Joseph et une fille.
Après son décès, Mme Eliza Lejeune, son épouse, demeura à l'île seule à l'emploi du capitaine Setter.
Bernard Lejeune fils a épousé une fille de Grande Rivière, Enédine Beaudain et eut 14 enfants, dont Philippe.
Une partie de la famille de Bernard quitte l'île en 1929. Philippe quitte l'île en 1929 à l'âge de 20 ans.
Il travaille un peu partout pour enfin s'établir à la rivière Godbout ou il pratiqua le métier de pêcheur de bigorneau pendant 31 ans.
Mme Eliza, donc, après le décès de son mari, décida de demeurer à l'île où elle habitait dans la maison du capitaine Setter (ancienne maison de Gamache) pour qui elle travaillait. Son fils Bernard fut amené en Gaspésie à la Rivière au renard par le capitaine Setter.
Il y séjourna trois ou quatre ans pour y fréquenter l'école et apprendre l'anglais.
Il est revenu à l'île « lorsque les Menier ont fait le chemin de Baie-Sainte-Claire à baie Ellis » (vers 1898).
Il fut alors employé par Henri Menier comme responsable de la Villa. Lorsqu' Henri Menier acheta la propriété du capitaine Setter pour 6000 $, il prit à son emploi la famille Lejeune (Madame veuve Eliza Lejeune, ses deux fils et sa fille).
M. Philippe Lejeune me dit que les approvisionnements de la famille Lejeune furent amenés de Gaspé par le capitaine Setter.
En 1900, Martin-Zédé nomma provisoirement la famille Lejeune gardienne future de la Villa ainsi que des communs, étables et écuries, « où nous avons déjà deux vaches et trois chevaux ».
Les deux fils Lejeune, Bernard et Joseph, travailleraient au défrichement et également comme serviteurs, gardiens, cochers et jardiniers de la Villa.
Leur sœur Lisa et sa mère étaient chargées de la cuisine et du blanchissage. L'hiver, les deux garçons Lejeune, bons trappeurs, chasseraient pour Martin-Zédé des animaux à fourrure. |
Photo | |||||||||||||||||||||||||||
M. Philippe Lejeune examine de nombreuses photos de l'île que je lui ai montrées. Il reconnaît peu de gens, ayant quitté l'île à 20 ans.
Il reconnaît le douanier de baie Ellis, M. Arthur Drolet, qui était également arbitre de hockey, excellent musicien, directeur de l'orchestre de Port-Menier et également du chœur de chant. |
Tombe Gamache | |||||||||||||||||||||||||||
M. Lejeune me raconte au sujet de Gamache que des Chinois qui travaillaient sur des bateaux chargés d'amener le bois de pulpe pour transformation à l'extérieur de l'île (à peu près entre 1910 et 1918) venaient s'agenouiller sur la tombe de Gamache pour se recueillir.
Ils croyaient aux pouvoirs surnaturels de Gamache et lançaient des pièces de monnaie sur la tombe (sans qu'on en sache la raison). Les enfants Lejeune, dont Philippe, allaient ramasser les pièces après le départ des Asiatiques. |
Martin-Zédé | |||||||||||||||||||||||||||
Le père Martin-Zédé amenait souvent de 10 à 35 hommes en pique-nique à l’Anse-aux-fraises ou ailleurs et chacun recevait « une pinte » (1 litre) de vin et mangeait la même nourriture que Martin-Zédé, qu'on avait préparée en quantité suffisante pour tous, comme du canard. Martin-Zédé disait qu’un homme qui travaille 20 minutes consécutives était un « bonhomme ».
Il fallait lui obéir à la lettre, il commandait comme dans l'armée. Il avait souvent l'habitude de lire « la gazette » (journal) pendant la messe et ne se mettait jamais à genoux (cette position étant signe d'infériorité), mais demeurait soit debout ou assis.
Il lui arrivait d'amener les hommes en pique-nique le dimanche et ces derniers manquaient la messe au grand désarroi du curé. |
Galibois (chef-garde) | |||||||||||||||||||||||||||
Il me raconte également que le chef-garde Galibois était effronté, malhonnête, fantasque, mais écouté de Martin-Zédé.
Il a fait chasser des familles de l'île, telles que celles de Francis Lelièvre, Odina Duguay et Abraham Rogers (?), qui se sont ensuite établies à Sheldrake (Port-Cartier). M. Galibois est mort de tuberculose à Port-Menier.
Il a légué 10¢ à sa femme qui l’avait abandonné et le reste à son neveu, qui a bu comme un trou et dansé sur le cercueil en le transportant à Baie-Sainte-Claire pour le déposer dans le charnier.
Les dernières paroles de Galibois ont été : « N'oubliez pas de clairer les deux Daveault. » (deux gardes de l'île originaires des Îles de la Madeleine). |
Galibois (chef-garde) | |||||||||||||||||||||||||||
J'ai rencontré un vieux à Godbout originaire des îles de la Madeleine qui m'a raconté qu'il avait travaillé à l'île pendant trois ans, de 1927 à 1929, comme showboy (chore boy).
Un bateau, le Gaspesia, transportait de 90 à 100 personnes des Îles de la Madeleine à Anticosti au printemps pour s'occuper du chargement du bois dans les navires.
Ils retournaient aux Îles de la Madeleine à l'automne. Salaire : de 100 $ à 125 $ par mois.
Famille Lejeune (Martin-Zédé, page 222-223) |
Maison Gamache | |||||||||||||||||||||||||||
D'après lui, la maison de Gamache était construite près de la mer si bien que le solage était parfois inondé par la marée.
Le hangar derrière la maison de Bernard Lejeune serait une partie de la maison du capitaine Setter. |
Ferme St-Georges | |||||||||||||||||||||||||||
Ce dernier lavait la vaisselle au Château et l’hiver, pendant 13 ans, travaillait à la ferme Saint-Georges dans la partie nommée « étable » où il y avait 75 veaux et un troupeau d'environ 150 têtes.
Ces animaux étaient gardés en liberté le long de la voie ferrée huit mois par année puis rassemblés à la ferme Saint-Georges à l'automne pour hiverner à l'abri dans l’étable.
Ces animaux étaient quasi sauvages et on devait utiliser un lasso pour les entrer dans l’étable. |
Rats musqués | |||||||||||||||||||||||||||
Il me raconte que lorsque Menier a amené les rats musqués sur l'île à bord du Savoy vers 1924-1925, un spécimen s'est échappé de sa cage et a endommagé une valise et le corset de femme qu'il contenait. |