Lionel Lejeune
C'est en compagnie de M. Joseph Lejeune et de son fils Marcel que je fais le voyage de Québec à Saint-Hyacinthe pour y rencontrer M. Lionel Lejeune, frère de Joseph. Christiane et Étienne étaient également du voyage.
4 Jobbers | |||||||||||||||||||||||||||
Au cours de celui-ci, M. Joseph (Ti-Jos) me raconte que, lors de l'exploitation forestière de 1926 à 1930, on dénombrait quatre grands jobbers à l'île : MM. McDonald, Tremblay, Gagnon et Louis-Philippe Côté.
Ils étaient pour la majorité du lac Saint-Jean.
Chacun de ces grands jobbers avait une vingtaine de sous-jobbers qui travaillaient pour eux.
Ces gens amenaient leurs familles à l'île ; les épouses cuisinaient et les enfants en âge servaient souvent aux tables et au ménage.
Certains jobbers célibataires amenaient des pseudo-épouses dont les services étaient offerts aux bûcherons. On a mis fin à cette pratique en 1946.
Charlie McCormick a travaillé en arrivant à l’île en 1926 comme charretier pour le jobber McDonald (il coupait à la Becsie).
Il a travaillé un seul hiver et fut nommé apprenti électricien, favorisé par le fait qu'il parlait anglais.
Les jobbers coupaient surtout dans les territoires suivants : Becsie, Petite Rivière, lac Simone et le long de la ligne. Ils arrivaient en novembre et quittaient en avril; on coupait l'hiver.
Les chevaux étaient utilisés pour charrier le bois. Un charretier faisait quatre voyages par jour et rentrait ses chevaux à 6 h du soir.
On a également utilisé des bœufs pour le charriage du bois.
Il me dit qu’un sous-jobber était sorti de l'île avec une un bénéfice net de 50 $ et considérait qu'il avait fait une excellente affaire.
Les jobbers sortaient des peaux de renard et de loutre dans les lisses des traîneaux; on enlevait la lame de fer et on creusait le bois de la lisse pour y cacher les fourrures puis on remettait la lame.
Les nombreux chevaux étaient alimentés avec du foin transporté par le Fleurus et entreposé dans le moulin à sciage près du lac Saint-Georges.
Quelques familles de jobbers demeuraient à l'île au cours de l'été, cependant la plupart retournaient dans leur paroisse en avril pour revenir en novembre.
On laissait derrière les chevaux qui broutaient le foin en troupeau à l’Anse-aux-fraises ou à Baie-Sainte-Claire.
Certains jobbers vendaient leurs chevaux et en rachetaient l'automne suivant.
En 1926, quand les jobbers sont arrivés, ils ont été logés pêle-mêle dans le grenier du Club, puis on a construit le bloc appartements pour les contracteurs pendant que les sous-contracteurs s'installaient dans la forêt. |
Mme Girard - anecdote | |||||||||||||||||||||||||||
Il me raconte le fait humoristique suivant : Mme Girard (mère de Noémie Girard) n’aimait pas donner le secret de ses recettes.
Un jour qu'elle avait envoyé de petits gâteaux au directeur de l'île, celui-ci envoya sa cuisinière demander la recette de ces excellents gâteaux.
« Dites-moi, Mme Girard, combien de beurre mettez-vous pour faire vos gâteaux?» demanda la cuisinière du directeur. Mme Girard lui répondit :
« Bonté divine, ma fille, ça dépend combien tu en fais (fa). Plus tu en fais (fa), plus tu en mets (ma). » |
Jos Lejeune | |||||||||||||||||||||||||||
M. Jos Lejeune est né à l'île en 1907 et est aujourd'hui âgé de 70 ans. À l'âge de 15 ans (1922), il a fréquenté pendant quatre ans le collège des Frères de l’instruction chrétienne à Louiseville.
Il quittait Port-Menier en septembre, recevait généralement une lettre de sa famille en octobre et était sans nouvelles de celle-ci jusqu'au mois de mai de l'année suivante.
Il recevait alors des lettres puis retournait à l'île en juin. Il travaillait alors au Château comme garçon de table.
Il passait les fêtes de Noël au collège, les premières années avec un frère, qui le quitta la dernière année de collège pour entrer au noviciat.
M. Jos, en 1926, se trouva de l'emploi à l'île au service de la Villa et à l'entrepôt.
Il avait refusé d'apprendre l'anglais au collège, disant qu’Anticosti était française.
Il se trompait amèrement, car en 1926 l'île passa aux mains d'une compagnie anglophone et, du jour au lendemain, tous les inventaires furent faits en anglais.
Il soupçonne M. Ashbaugh d'avoir volé les Menier en transportant de l'équipement à l'extérieur de l'île en 1918. |
Chateau - entretien | |||||||||||||||||||||||||||
Au début de la Villa (1904-1905), M. Martin-Zédé avait engagé un M. Inness pour l'entretien du parterre ; celui-ci ne parlait pas français. Mme Élisa Lejeune fit venir son frère Jérémie de la Côte-Nord (Jérémie Béliveau), qui remplaça M. Inness. |
Bernard Lejeune - salaire | |||||||||||||||||||||||||||
Le salaire mensuel de M. Bernard Lejeune et de son frère Joseph au service des Menier était de 110 $.
Ils recevaient en plus une prime pour la capture de renard en hiver ; cette prime était de 10 $ pour l'argenté, de 5 $ pour le croisé et de 2 $ pour le roux. |
Lionel Lejeune | |||||||||||||||||||||||||||
M. Lionel Lejeune, âgé de 66 ans, a épousé une célibataire l'an dernier. Il habite Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe.
Il a travaillé à l'île comme gardien autour de l'île, etc. Il a quitté l'île après le décès de sa mère et a acheté une tabagie à Montréal.
Il a ensuite pris sa retraite (an dernier) après son mariage. Il a en sa possession plusieurs objets de la famille Menier et de Martin-Zédé :
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Vente de l'île | |||||||||||||||||||||||||||
Il croit qu’au moment de la vente de l'île, Martin-Zédé a reçu 500 000 $ de Gaston Menier et probablement beaucoup d'argent de la Wayagamak.
Il croit également que Menier voulait seulement vendre les droits de coupe et non l'île, mais à cause des pressions et de son âge avancé, il a cédé. |
Menier - visites | |||||||||||||||||||||||||||
Les Menier venaient à l’île deux semaines par année. Ils en passaient une à la rivière Jupiter et l'autre à la Villa. Mme Élisa organisait une fête lorsque la Villa était fermée à l'automne. |
Malouin | |||||||||||||||||||||||||||
M. Alfred Malouin était intéressé aux autres femmes et eut des aventures. Horacio Malouin était alcoolique et lorsqu'il était saoul saluait les poteaux téléphoniques en passant : « Bonjour, monsieur. » |
Phare pointe ouest - gardien | |||||||||||||||||||||||||||
Lorenzo a pris la place de son père comme gardien du phare en 1906, lorsque son père fut nommé gouverneur.
Avant, il a travaillé pour les Menier comme peintre. Après son départ, il fut remplacé par Horacio.
Ce dernier fut remplacé par son épouse après sa mort, puis par ses fils. |
Pillage après-vente | |||||||||||||||||||||||||||
M. Lejeune me raconte que, lors de la vente de l'île en juillet 1926, aucun inventaire pré-vente n'avait été fait et que les Menier et Martin-Zédé ont tout laissé derrière eux. Les pillages furent considérables.
On fit transférer beaucoup de choses à Grand-Mère.
Puis les gens se servirent, surtout après 1946. Wilcox donnait beaucoup d'objets, des lits, des meubles, etc. |
Gustave Poulin | |||||||||||||||||||||||||||
Il raconte également que M. Gustave Poulin était sourd et avait beaucoup de difficulté à parler.
Il disait qu'il écrirait à « la femme du gouvernement » pour se plaindre de différentes choses.
Il croyait que « le gouvernement » était une personne. |
Médecins | |||||||||||||||||||||||||||
Il mentionne les docteurs Verger, Péloquin et Martin. |
Institutrices | |||||||||||||||||||||||||||
Les institutrices à Port-Menier au cours des années 1910 et 1920 étaient les trois soeurs Gauthier, puis elle fut remplacée par les deux soeurs Goulet (célibataires). |
Bateaux - Alaska | |||||||||||||||||||||||||||
La barge Alaska a été fabriquée par M. William Girard, père de Tancrède et de Léonie.
Ce navire avait été mal construit et se comportait mal ; au premier essai de navigation, il fut jugé impropre pour les services envisagés.
Son moteur, mû à la vapeur, fut enlevé, de même que les agrès, et le bateau fut échoué dans la baie des Navots.
Tancrède a construit plusieurs navires (sauf l’Alpha, le Squid et le Copaco) : la Vedette, etc. |