(57)   Rencontre avec M. Jean Poulin, le 3 octobre 1975 chez Michel Chabot

Jean Poulin

  Anse-aux-Fraises                            
                           

M. Jean Poulin me donne les renseignements suivants relatifs aux « squatters » de l’Anse-aux-fraises.

 

Il s’agit de trois personnes qui ont refusé de vendre leurs propriétés de l’Anse-aux-fraises à M. Henri Menier. Ils ont été expulsés de l’île à l’automne de 1900 par M. Martin-Zédé.

 

Ces trois personnes étaient M. Frank Bezeau, qui alla vivre à la rivière au Tonnerre, M. Philias Bezeau, qui s’établit, lui, à la rivière Pentecôte, et Anthyme Noël, qui alla également habiter à la rivière au Tonnerre.

             
  Baie Ste-Claire                            
                           

Sur une des photos de l’album que me montre M. Poulin, on voit un homme sur un amas de glace au bout du quai de Baie-Sainte-Claire; la photo montre un treuil au bout du quai qui servait au déchargement des barges qui allaient à la rencontre du Savoy.

 

Les barges accostaient au pied et le treuil était actionné par un cheval tirant sur un câble à partir de la berge.

 

La marchandise était déposée sur la plateforme du Decauville, dont les rails se rendaient à l’extrémité du quai.

 

M. Eugène Chevalier père a failli être tué lorsque le poteau du treuil (en bois) s’est brisé.

 

Le baril de mélasse qu’il transportait est retombé dans la barge sur le dos de M. Chevalier, qui eut les « reins cassés ».

 

La barge qui servait au déchargement était entreposée dans un hangar nommé « chaffand » qui fut plus tard transformé en logements.

 

Ce long hangar était de grande dimension. J’ai une photo montrant la sortie de la barge du hangar au printemps (entreposé dans le hangar l’hiver).

             
  Horse Power                            
                           

Sur une autre photo, l’on voit des chevaux dans une boîte; il s’agit du « Horse Power ».

 

Cette boîte à fond mobile en forme d’escalier que l’on met en mouvement en enlevant les freins; les chevaux sont forcés de marcher sur place dans la boîte à cause de l’angle.

 

Il servait à actionner soit une scie pour le bois de chauffage, soit la batteuse à grain.

             
  Garde-chasse - camps                            
                           

Les camps de chasse construits vers 1922 accueillaient des familles; d’autres camps, plus temporaires et situés entre les camps permanents où habitaient les familles, logeaient un célibataire pendant les mois d’hiver pendant lequel se pratiquait la chasse aux animaux à fourrure.

 

 

Le rôle de garde ou de chef-garde était attribué au chef de chaque famille. L’épouse faisait la cuisine pour les touristes. Les maisons de garde avaient le nom de « pavillon ».

 

Il y avait 10 rivières ainsi aménagées : la Becsie, la Sainte-Marie, la Loutre, la Galiote, la Chicotte, la Chaloupe, la Saumon, la Patate, la Voréal, la Macdonald et la Jupiter.

 

Dans les années 1930-1940, il y avait des familles à Goose Point et à Fox Bay pour la pêche au saumon pour la compagnie. Il y avait des camps de chasse : Havre du Brûlé, etc.

             
  Animaux à fourrure                            
                           

M. Jean Poulin capturait un maximum de 128 renards dans une saison de chasse (qui s’échelonnait du 1er novembre ou 1er décembre à la fin de février : trois mois).

 

Après le renard, on chassait le castor (du 1er février à la fin mars). On chassait également la loutre et la marte.

 

La ligne de piégeage du renard était située le long de la mer dans les plaines.

 

M. Poulin disséminait des débris de saumon le long de sa ligne de chasse, et cela tout l’été jusqu’à l’automne afin d’attirer le plus de renards possible.

 

C’est grâce à cette technique qu’il réussit à capturer 32 renards en une seule journée.

 

La ligne de chasse au renard de M. Poulin s’étendait vers l’est jusqu’à la Pointe-Sud (18 milles) et à l’ouest à 2 milles en direction de la de la rivière Mecani (?).

 

L’aller-retour représentait une marche de 40 milles tous les jours.

 

Il prétend avoir marché en une seule saison trois fois la distance de Québec à Anticosti.

 

La ligne de trappe aux castors avait une distance de 11 milles à l’intérieur de l’île (et non le long de la mer).

 

Cette ligne de trappage servait également pour la loutre et la marte.

 

 

Cela explique pourquoi les braconniers de la Côte-Nord passaient l’hiver à l’est de l’île pour y chasser les animaux à fourrure dans des camps de fortune.

 

Ils avaient peu d’occasions d’être repérés par les gardes, ceux-ci traquant le renard le long de la mer.

             
  Lapipe - régisseur de ferme                            
                           

Lapipe : « régisseur de ferme » au moment de la vente de l’île en 1926. Il émigra dans l’Ouest canadien où il devait mourir (de ses propres mains, semble-t-il).

             
  La marte d'Anticosti - disparition                            
                           

M. Renaud me raconte que la marte était facilement attirée par la fumée des camps d’exploitation forestière et, là, elle se faisait piéger facilement par les bûcherons.

 

On perçait un trou dans un arbre et on déposait un morceau de viande, puis on enfonçait des clous à angle de telle sorte que, lorsque l’animal allait récupérer le morceau de viande, la pointe des clous le retenait prisonnier et s’enfonçait dans le cou et la tête à mesure que l’animal cherchait à se déprendre.

 

Cette même description me fut faite par M. Arthur Toutant, oncle de Christiane né en 1913-1914, dont les cousins sont allés « couper des billots à Antecosse ».

 

Les bûcherons vendaient la fourrure pour ainsi se faire un supplément. Il semble que ce sont les jobbers (d’après M. Renaud) qui ont exterminé la marte d’Anticosti.

             
  Arthur Renaud - achat de viande                            
                           

M. Renaud faillit perdre son emploi à l’occasion d’un problème un peu particulier.

 

Il était responsable de l’achat de la viande de bœuf, de porc, de mouton, etc. que l’on conservait l’hiver dans les bancs de neige au village (il s’agit de « chars de viande », des wagons pleins).

 

Cette viande devait être consommée au cours de l’hiver et avant le printemps afin d’éviter les pertes.

 

De 1926 à 1929, la viande ne se vendait pas et il y avait des pertes tous les printemps.

 

La raison de ce manque d’intérêt pour la viande de boeuf est que les jobbers tuaient des cerfs pour nourrir leurs employés.

 

M. Renaud me dit que l’on pouvait tuer de 700 à 1000 chevreuils par hiver (comme les armes à feu étaient interdites, on prenait ces animaux au collet).

             
  Bucher l'hiver - impossible                            
                           

M. Arthur Toutant : il me raconte que ses cousins étaient allés « couper des billots à Anticosti » au cours des années 1913-1914 et qu’ils étaient revenus après un hiver, ne pouvant travailler avec profit.

 

D’après ses cousins, il était impossible de bûcher en hiver à cause de la « croûte ».

 

En effet, le climat humide du golfe provoque souvent la formation de croûte de glace à la surface de la neige; cette croûte se forme presque après toute chute de neige.

 

Les chevaux s’enfoncent en marchant et lorsqu’ils retirent leurs pattes (surtout les pattes avant), la croûte déchire le genou de l’animal.

 

Le cheval ainsi blessé ne peut être utilisé davantage. Ce facteur aurait joué un très grand rôle dans la non-rentabilité de l’exploitation forestière (?).

             

RECHERCHE SUR LE SITE  

(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis